Paul STEHLIN devenu Général d’Armée Aérienne puis Chef d’Etat Major de l’Armée de l’Air publiera cependant en 1964 « Témoignages pour l’Histoire » et donnera sa vision toute personnelle des conditions de cette évacuation.
Il cite l’Ordre Particulier N°55 du 17 juin, signé du Général BERGERET, un des adjoints de VUILLEMIN, pour le GC 3/6, visant à participer à une concentration de toutes les forces aériennes en Algérie en vue « d’une opération brutale et puissante contre l’Italie du Sud les îles et la Libye ».
La thèse du Général STEHLIN est qu’aucune opération de ce genre n’a réellement été envisagée et que cet ordre n’était qu’une mesure de précaution pour éviter que des commandant d’escadrilles ne veuillent rejoindre directement Gibraltar. « J’ai toujours amèrement regretté de m’être laissé tromper aussi grossièrement ».dit-il avant de parler de la manière dont les autorités militaires aurai tout fait pour clouer les avions au sol en les privant de carburant et de son projet de conduire son Groupe à Malte, avorté par l’attaque anglaise sur Mers El Kébir du 3 juillet. « Dans mon groupe c’est la consternation, l’un parle de trahison des Anglais, l’autre assure que les Anglais ont été toujours nos pires ennemis. Notre plan s’évanouit très peu de temps avant qu’il ne soit prêt. Nous n’avons eu connaissance de l’appel du Général de Gaulle que plus tard et la propagande de Vichy a la tâche facile de refaire de l’Angleterre l’ennemi héréditaire ».
C’est un peu court et pourquoi cette « erreur » de date sur le départ du Groupe à Perpignan ? « Le 18 juin j’ai le sentiment d’un isolement complet […] Le 19 juin, dans l’après midi je reçois enfin un message transmis par un avion de liaison qui m’informe que depuis la veille mon groupe est attendu sur le terrain de Perpignan-La Salanque… » Tout est certainement beaucoup plus compliqué et cette thèse ne résiste pas à une analyse plus fine. Commencer en 1964 un paragraphe de ses mémoires par « Le 18 juin… » n’est peut-être pas innocent quand on veut magnifier ses états d’âme de ce jour de 1940, alors qu’on a eu connaissance de l’appel historique du Général de Gaulle que bien plus tard !
Bien des livres ou des chroniques ont été écrits après la guerre par ceux qui ont été aspirés dans cette grande tourmente, et bon nombre de lignes de ces ouvrages présentent les faits d’une manière permettant à leur auteur de donner à penser qu’ils avaient apprécié le « sens de l’histoire » plus tôt qu’il ne l’ont fait réellement. Paul STEHLIN sera finalement appelé à Vichy à l’état major de l’Amiral Darlan fin octobre où il occupera des fonctions plus politiques que militaires et on ne sais rien d’autre de « la tentative de ralliement » dont il parle en quelques lignes confuses dans ses mémoires…
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