Bonsoir,
Saluons le remarquable entretien que Ian Kershaw accorda à Histomag.
Je me dépeignais l'historien britannique comme un chercheur rabougri, l'oeil sévère et cerclé de lunettes, la lippe pincée .... et je découvre un homme jovial qui respire la simplicité.
Simplicité de la personnalité mondialement connue qui accorde un long entretien au magasine virtuel, simplicité de l'historien, précis dans ses réponses argumentées, qui n'assène aucune affirmation péremptoire.... la marque d'un grand historien.
Quelques exemples :
L'usage fréquent de "je pense que...." ou "si mon interprétation est correcte...." ; "je suppose..." ; il est difficile de répondre à cela ...." ; "il est impossible de donner une bonne réponse..." ou encore à la question d'Histomag
- "Lequel de ses proches collaborateurs lui fut le plus précieux et pourquoi"?
- Kershaw répond : "C'est une question intéressante, je n'avais pas pensé à cela avant. Je pense qu'il n'y a pas de réponse évidente..."
Ne nous trompons cependant pas, les réponses sont précises et d'une telle concision que nous pourrions considérer cet entretien comme un résumé parfait de toute l'oeuvre de l'historien.
Humilité et simplicité disais-je ! Séduit par la personnalité de l'historien, je m'en fus acquérir l'un de ses premiers livres, "Le mythe Hitler" réédité dans une collection de poche abordable. En feuilletant l'ouvrage, au chapitre "L'image populaire de Hitler et la "question juive"", l'historien s'interroge sur le processus qui a conduit à Auschwitz " : (...)il convient donc de prendre les conclusions auxquelles nous parvenons dans la brève analyse qui suit comme de simples déductions provisoires et mal assurées"
(Remarquons, au passage, l'usage du "nous" plutôt que du "je".) Des signes qui ne trompent pas !
Bien cordialement,
Francis. |