Désolé, Léon.
Doublement désolé. Qu'un interlocuteur cultivé et réfléchi fasse si peu d'efforts de compréhension... et que votre serviteur, qui a écrit des choses désobligeantes sur Pétain autant que n'importe qui, se fasse traîner dans la boue comme un pétainiste grand teint dès qu'il remet en cause une modalité de son procès, archives nouvelles à l'appui. Cela ne m'atteint guère mais oui, c'est le mot, me désole.
En l'occurrence, il s'agit des velléités que Pétain manifeste de passer en Afrique du Nord. Elles commencent tôt, puisqu'il y a même à Bordeaux des moments où il ne l'exclut pas, autour du 20 juin, quand Hitler s'amuse à faire traîner la révélation des conditions d'armistice.
Le 13 décembre (1940, jour du renvoi mouvementé de Laval) enfante la velléité la plus sérieuse, puisque le déménagement commence (le 31), par celui des internés politiques, VERS ALGER. Ils s'arrêteront à Aubenas parce que la velléité a tourné court et tout le monde parlera d'un déménagement vers Aubenas, mais la destination algérienne avait bel et bien été annoncée (et un livre de Vincent Auriol en témoigne dès 1945).
De même, en novembre 42, l'avion de Pétain est prêt.
Et c'est logique : plus d'armistice, plus de raison d'être pour un gouvernement de Vichy. De Gaulle lui-même expliquait qu'il ne comprenait pas le non-passage de Pétain en Afrique du Nord, affrontant sans crainte apparente le risque de se faire traiter d'infâme collabo par Arcole et Léon Bel.
Mais à chaque fois c'est Hitler qui le retient par le colback, en lui faisant miroiter des menaces, et donc en le confortant dans son rôle de "sauveur".
Au total, Hitler a réussi un exploit : faire gouverner à son profit le pays contre lequel il prend sa revanche par le général vainqueur de la guerre précédente. En tirer le maximum d'avantages matériels et, en prime, le rendre infâme par la livraison des Juifs. |