Bonjour,
En marge du déroulement du procès lui-même, Pierre Béteille analyse ou commente les pièces du dossier de l'instruction ... notamment l'examen du pacte germano-soviétique.
L'auteur publie le compte-rendu d'une réunion secrète du Politburo tenue le 19 août 1939. Staline y expose avec cynisme les raisons qui l'avaient décidé à négocier avec l'Allemagne :
Nous sommes conscients qu'en signant une alliance militaire avec la France et la Grande-Bretagne nous forcerions l'Allemagne à abandonner ses projets d'agression contre la Pologne. Nous pourrions donc empêcher la guerre. Cependant, dans cette hypothèse, l'évolution politique ira sans doute dans un sens dangereux pour nous. D'un autre côté, si nous acceptons l'offre allemande d'un pacte de non-agression, le Reich en profitera pour se jeter sur la Pologne et cette attaque déclenchera automatiquement l'intervention des Occidentaux.
Dans une telle conjoncture, nous avons de fortes chances de rester en dehors du conflit et de pouvoir déterminer à notre guise le moment le plus propice pour intervenir à notre tour. Une guerre entre le Reich et les puissances de l'Entente ne pourra que servir nos intérêts. Il est essentiel pour nous que cette guerre se prolonge le plus longtemps possible de manière à épuiser les deux adversaires. Pendant ce temps, nous intensifierons le travail politique dans les pays belligérants afin de passer à l'action à la fin des hostilités.
Pour en avoir le coeur net sur la validité de ce document, j'ai recherché un texte plus complet. Le voici, publié sur un site letton (basé en Suisse) :
Discours de J. Staline au Politburo dans sa séance du 19 août 1939
Dans l'hypothèse où le gouvernement soviétique n'avait pas, dès le départ, décidé de choisir cette stratégie politique, la France, la Grande-Bretagne et la Pologne ont-elles tout fait pour éviter son revirement
alors qu'elles ne pouvaient ignorer l'ouverture des pourparlers germano-russes ? (dixit l'auteur)
Bien cordialement,
Francis.