Sur un sujet que je connaissais mal (l'histoire politique du Bloc de l'Est me parle davantage), j'ai appris beaucoup. Le lien entre politique et militaire est finement exposé, et l'analyse illustre l'échec final de cet outil militaire qui a tant impressionné. On pourrait d'ailleurs reparler d'un exemple d'intervention soviétique cité dans le H.S., à savoir Budapest, beau sujet de débat s'il en est.
S'agissant de l'image d'incommensurable puissance des forces armées du Pacte, j'ai pu lire, quelques années auparavant, une série d'ouvrages "uchroniques" parus dans les années 70-80 sur une invasion de l'Europe occidentale par l'Armée rouge, de Tom Clancy au général Hackett, d'un certain "François" (La Sixième Colonne, Stock, 1979) à Emmanuel de Richoufftz (Décembre 1997, les Russes arrivent, Albin Michel, 1987), etc. Tous témoignent d'une certaine inquiétude quant aux ressources militaires conventionnelles de l'O.T.A.N. et de la France en pareille hypothèse, outre que le K.G.B. et le G.R.U. nous sont décrits comme des appareils tentaculaires capables de lire les intentions militaires occidentales et de démobiliser nos opinions trop pacifistes. De telles intrigues trahissent les angoisses suscitées par la crise des missiles Pershing du début des années 80.
Paradoxalement, la plupart de ces ouvrages s'achèvent sur une note optimiste : le conflit nucléaire est évité, et au bout de quelques semaines de campagne l'Armée rouge s'essouffle et l'U.R.S.S. s'effondre de l'intérieur. L'Ouest remporte la victoire parce que c'est une solution politique qui a primé à Moscou. La chose est si frappante qu'elle est digne d'être notée. |