Nous soussignés modestes internautes demeurant de l'autre côté de la Manche et de part et d'autre du Quiévrain, débattons depuis des lunes, à défaut de lustres, sur les conditions exactes de la mort du chef nazi Himmler, le 23 ou le 24 mai 1945, alors qu'il venait de tomber entre les mains des forces armées de Sa Majesté.
La version de l'événement donnée sur le moment aux Alliés et à la presse avait satisfait tout le monde, à l'exception d'une poignée de nostalgiques du nazisme qu'on appelle en France négationnistes et en Angleterre révisionnistes. Cependant un livre de mai 2005 signé d'un historien réputé sérieux, livre qui est toujours en vente et n'a fait l'objet d'aucune contestation sinon par voie de presse, est venu semer une confusion certaine, et son traitement plus encore.
Un mois et demi après sa parution, cinq documents utilisés dans ce livre, dont trois pour accréditer une vision toute nouvelle de la mort de Himmler, ont été déclarés faux par certains journaux sur la foi d'une expertise de Madame Audrey Giles, sans qu'aucun rapport en bonne et due forme soit à ce jour rendu public. Les National Archives, protestant que des documents avaient été frauduleusement glissés dans leurs collections, ont annoncé dans plusieurs communiqués, il y a déjà quelque temps, qu'une enquête était ouverte, puis qu'elle se poursuivait, puis qu'elle se poursuivait encore, puis que le public aurait de nouvelles informations quand la direction des archives en recevrait elle-même.
Nous nous permettons de vous faire respectueusement remarquer que cette situation, tant qu'elle n'est pas apurée par une politique de transparence, ne peut tôt ou tard aboutir qu'à alimenter les écrits de la susdite mouvance négationniste.
Nous vous prions d'agréer, Monsieur le Premier ministre, l'expression ce notre vive considération.
Qui veut signer cela avec moi ?
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