Quoi qu'en disent les intellectuels de Télérama, nous avons là l'un des meilleurs films jamais réalisés sur la Guerre d'Algérie - et même l'un des meilleurs films de guerre tout court. Patrick Rotman, historien bien connu, concepteur de la regrettée émission historique Les brûlures de l'Histoire et auteur d'un documentaire du même nom portant sur le même thème, a composé un scénario pour le moins habile, et d'une clarté remarquable.
Le film fait ainsi preuve d'une grande objectivité, rappelant que les deux camps comportaient leurs lots d'équivoques morales et d'atrocités. La présentation du F.L.N. reste crédible, celle d'un mouvement rebelle se nourrissant des abus de la colonisation et de l'inégalité des droits entre Français et Arabes, mais faisant preuve d'une véritable absence de pitié tant à l'égard des premiers que des seconds. Quant au thème principal, celui du comportement de l'armée française, il est traité avec la rigueur qui lui est dûe, la torture et le crime résultant, chez chaque officier, de motivations variées (système décisionnel, haine grandissante pour les fellagahs, folie latente).
L'engrenage menant des hommes ordinaires à la barbarie n'avait que trop rarement été aussi brillamment exposé. A cet égard, les rôles tenus par Magimel et Dupontel sont riches en complexité, ce dernier volant d'ailleurs largement la vedette au premier. Au final, la pédagogie suivie s'avère si pertinente que le résultat en est incroyablement dérangeant.
Bref, on aurait tort d'y voir, comme le fait Télérama, un film simpliste. A dire vrai, c'est l'exact contraire qui découle du visionnage. Je me demande même si on ne pourrait pas causer de chef d'oeuvre en la matière. |