Kaps était un ecclésiastique allemand, docteur en théologie, né à Breslau (actuellement Wroclaw) en Silésie en 1906. En sa qualité de membre de l'Eglise catholique, il a rencontré quelques difficultés avec les nazis, avec qui il était en contact pour plaider en faveur de ses coréligionnaires arrêtés ou poursuivis, et aurait même essayé de protéger des Juifs. Il est demeuré en Silésie et à Breslau jusqu'à la fin de la guerre, assistant aux ravages causés par l'Armée rouge sur ce territoire.
Assistant aux atrocités soviétiques, il tente rapidement d'informer le Vatican. A ce titre, il parviendra à remonter jusqu'au Pape, et l'Eglise l'enverra en Allemagne du sud participer à l'accueil de réfugiés venus de l'Est. Il y poursuivra sa collecte de témoignages et en publiera les plus saignants dans un petit ouvrage en 1954,
Martyrium und Heldentum ostdeutscher Frauen. Ein Ausschnitt aus der schlesischen Passion ce dans un contexte où l'anticommunisme était de rigueur. D'où une absence totale de nuance, et même d'explication du phénomène : l'Armée rouge est le mal absolu, il n'y a rien à discuter. Kaps tenait à sensibiliser les Allemands de l'Ouest, plutôt oublieux du sort de leurs compatriotes de l'Est, et avait déjà composé deux autres ouvrages sur l'occupation soviétique.
Martyrium... paraîtra en français sous le titre déjà cité.
On comprend que l'ouvrage plaise à ceux qui sont soucieux de banaliser les atrocités nazies, bien plus systématiques et inscrites dans la durée que les bavures soviétiques - encore que les viols de 1945 paraissent procéder d'une véritable politique de terreur. Après avoir été diffusé par des organes catholiques, il sera repris par des éditeurs négationnistes, dont l'officine française
Akribeia du multirécidiviste
Jean Plantin.
Ce simple élément suffit à éveiller la méfiance, outre que Kaps - qui n'aurait certainement pas appuyé la démarche des négationnistes (il est mort en 1959) - n'a retenu que les témoignages les plus significatifs, et systématiquement allemands, oubliant les autres nationalités. Bref, il ne s'agit en rien d'un travail d'historien, bien plutôt d'un pamphlet peu utilisable par les spécialistes.