Au moment du pic le plus chaud de la crise de mai 68, quand une grande partie du peuple français contestait son pouvoir et exprimait sa volonté de le voir quitter la charge suprême, le Connétable brouilla une fois encore les cartes en s'envolant en hélico pour Baden-Baden où le fidèle grognard Massu, malgré la cicatrice toujours sensible de la guerre d'Algérie, le reçut en tant que commandant des Forces françaises en Allemagne et tenta de le pousser à reprendre les rennes. Bien sûr, en comédien de haut vol, de Gaulle en rajouta dans le registre dépressif cyclothymique afin de tester ses fidèles. Pour raconter cette fuite étonnante, Hervé Bentégeat a imaginé comme narrateur, parmi d'autres, un vieil ami de Charles de Gaulle, - ils se tutoient - auprès duquel le Connétable contesté par le peuple français vient s'épancher lors des journées de mai 68 qui marquèrent le crépuscule du règne gaullien, culminant le 29 mai quand la France médusée apprend que (...) le président de la République (...) a quitté l'Elysée en hélicoptère pour une destination inconnue... (4e de couv.)
Un beau roman à la française, inspiré, au style soigné et aux références historiques impeccables qui énervera sans doute les donneurs de leçons littéraires scrongneugneu qui y verront un roman "réactionnaire" mais devrait emporter les amateurs d'aventures politico-historiques bien racontées et aux dialogues très soignés.
Je suis à peu près certain que Bernard Frank en aurait parlé dans sa chronique hebdomadaire. (Bernard, tu nous manques !)
RC
Hervé Bentégeat, La Fuite à Baden, Ramsay. |