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Le chemin le plus long / Pierre Quillet et 70 anciens

En réponse à -2
-1acheté à la France, PAR ISRAEL? de arcole

Si si ! de Laurent Laloup le dimanche 10 juin 2007 à 16h58

hum hum ...
Je ne peux , en réponse aux affirmations d'Arcole, que reproduire des extraits de l'article de M. J.-J. Monsuez :

La déclaration d'indépendance
Le 12 mai 1948, lorsqu'il part pour la réunion du Fonds national juif, Ben Gourion ignore s'il parviendra à y convaincre les participants de proclamer l'Etat. Cette déclaration, suite logique du vote de l'O.N.U., tarde, en partie en raison de la menace de guerre qu'elle fait peser alors que les moyens militaires sont encore inexistants en regard de ceux dont disposent les pays arabes voisins.
Seuls les deux dossiers contenant la liste des armements achetés en Tchécoslovaquie par Avriel et en France par Arazi peuvent plaider pour une amélioration prochaine de la situa­tion. Lorsque la séance débute, l'expression d'incertitude visible sur le visage de chacun laisse mal augurer du vote. Le point de vue militaire que présente Igaël Yadin se termine par un soupir de découragement. Qu'alignera-t-on face aux autocanons de la Légion arabe ? Aux chars syriens qui défilent quotidiennement dans les rues de Damas ? Ben Gourion qui perçoit les réticences argumente son plaidoyer en détaillant les rapports sur les achats d'armes récents. Avriel a réuni 25 000 fusils, 5 000 mitrailleuses, 30 avions de combat. Les 10 chars Hotchkiss achetés en France par Arazi sont en meilleur état que les R-35 syriens. Ils partiront dans quelques jours pour la Palestine, ainsi que 35 canons anti-aériens, 12 mortiers de 120 mm, 55 canons de 65 mm. Ces chiffres attendus de tous détendirent l'atmosphère. Le vote qui suivit décida la proclamation du nouvel Etat le 14 mai, et le nom qu'il porterait, Israël.

La carte de la France

La naissance du nouvel Etat hébreu est soutenue en France par un assez large courant de sympathie, à la fois politique et populaire. Il se manifeste dès les premiers jours du gou­vernement provisoire du général de Gaulle et se poursuit sans discontinuer pendant la IVe République. « En pratique, de Gaulle n'en a pas moins laissé aux sionistes les coudées franches en France. Son départ en 1946 n'entrave pas leurs activités ». Ygal Allon, qui sera chef d'Etat-Major quelques mois plus tard, signale avoir circulé en France comme dans une base d'action légale de la Hagana, tant les autorités françaises le traitaient en allié : « Nos bateaux, dans les ports de Marseille et des environs étaient retapés, préparés à l'appareillage. La solidarité régnait : les dockers du port, les restaurateurs... tout le monde se mettait en quatre pour nous aider... Nous étions entourés d'amour et de chaleur humaine ».
La réflexion personnelle de Pierre-Olivier Lapie, membre de la délégation française à l'O.N.U. en novembre 1947, résume assez bien le consensus de toute la classe politique fran­çaise : « La carte de la France étant celle de la justice se trouvait facile à jouer ». La raison d'Etat est également prise en compte, comme l'analyse pragmatiquement Vincent Auriol : « En ce qui concerne la question palestinienne, la donnée fondamentale pour nous est que nous ne pouvons pas admettre la défaite d'Israël. Une victoire arabe se traduirait par un accroissement de l'agitation en Afrique du Nord. Un Etat juif au centre du Monde arabe est une garantie de sécurité et d'équilibre ». La représentation d'Israël en France, depuis le 14 mai 1948, a été confiée à Maurice Fisher, dont le passé récent d'officier des Forces fran­çaises libres, en lui conférant une certaine légitimité, élargit certainement l'audience et faci­ite la mission.
Plusieurs ministères sont impliqués dans l'approvisionnement en armes du nouvel Etat... y compris avant sa proclamation, puisque dès mars 1948, Georges Bidault, ministre des Affaires étrangères, ne voit aucun inconvénient à laisser l'Agence juive acheter des armes en France. Les chars Hotchkiss figurent parmi le matériel acquis à ce moment et il semble qu'ils aient été mentionnés lors des Conseils des ministres du 16 mars 1948 et du 2 juin 1948, qui correspondent à leur date d'achat et de départ pour Israël (où ils sont débarqués le 15 juin). Ainsi, lors du Conseil du 2 juin, P.-H. Teitgen, ministre M.R.P. des Forces armées, confie au président Auriol s'être mis d'accord avec J. Moch, ministre des Transports, et Robert Schuman, ministre de l'Intérieur, pour fournir des armes aux Juifs et ainsi rétablir l'égalité d'armement. Dix H-39 restaurés feront donc face aux R-35 syriens. L'acheminement du matériel vers Israël dépend du ministre des Transports, Jules Moch, qui a choisi le port de Sète, dont il est également député, comme tête de trafic.
Cette bienveillance française, dont l'origine n'est pas d'ordre confessionnel (J. Moch se veut agnostique, G. Bidault et R. Schuman ne peuvent être bien appréhendés en dehors de leur foi catholique), dément en partie l'interprétation de A. Gresh et D. Vidai qui suggèrèrent le recours à de faux passeports diplomatiques (celui de Y. Arazi auparavant) et à de faux ordres d'achat à Paris. L'ensemble de la classe politique est en fait très impliqué dans le soutien à Israël et, il faut le reconnaître, à distance, car ceux qui en ont bénéficié l'ont un peu oublié, avec un esprit d'équité.
La provenance des 10 chars H-39 confiés à Israël reste incertaine. (....)Tous ces chars légers de conception périmée (malgré leur relative modernisation par la mise en place d'un canon de 37 mm SA 38) ne répondent guère aux impératifs tactiques d'un éventuel théâtre d'opérations européen. Ils se prêtent en revanche plus facilement à la mission de contrecarrer des maté­riels équivalents tels que les R-35 syriens. Dix d'entre eux sont donc désignés pour constituer les premiers blindés du nouvel Etat hébreu. On ne peut manquer là de suggérer la surpre­nante analogie avec les 12 H-39 rescapés de Narvik qui ont constitué le premier élément blindé de la France libre, la lre Compagnie de chars, et qui s'est étoffée ensuite jusqu'à constituer le 501e R.C.C. de la 2e D.B.



Cordialement
Laurent

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