Interview significative... - Présumé Jean Moulin - forum "Livres de guerre"
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Présumé Jean Moulin / Jacques Baynac

En réponse à -2*
-1La difficile tâche d'historien de la Résistance de Francis Deleu

Interview significative... de Nicolas Bernard le dimanche 20 mai 2007 à 18h56

... de ce qui a obscurci le dossier Caluire, alors que cette affaire est décidément bien simple.

Tout d'abord, a longtemps plané sur cette affaire l'autorité de la chose jugée qui s'attache aux décisions juridictionnelles. Aux yeux de la Justice, Hardy était innocent du crime de trahison qui lui avait été imputé. On rappellera également que, d'un point de vue juridique, Adolf Hitler est également innocent de tous ses crimes, faute pour lui d'avoir été jugé : anecdote exagérée, j'en conviens, mais qui rappelle à quel point la logique judiciaire, soumise à des exigences procédurales, diverge de la vérité historique. L'avocat de René Hardy, Me Maurice Garçon lui-même, a reconnu au cours du second procès intenté à son client en 1950 qu'il ne pouvait se prévaloir de l'autorité de la chose jugée, la stratégie, de par sa facilité, ne pouvant que perdre de son pouvoir de conviction.

Reste qu'à la seconde où quiconque faisait état, publiquement, de la culpabilité de René Hardy, ce dernier était en droit de poursuivre l'importun en diffamation. L'accusé n'était pas en droit de se défendre, car les juges statuant sur son cas devaient tenir compte des deux décisions rendues en 1947 et 1950. Autrement dit, le verdict était rendu à l'instant même où René Hardy aurait décidé d'user de son droit au recours.

D'où cet aveu remarquablement elliptique de Noguères : "Je suis arrière-petits-fils, petit-fils, fils de magistrats, J'ai beaucoup de respect pour ce qu'on appelle l'autorité de la chose jugée. En plus, si je n'avais pas ce respect, de toute façon il me serait imposé par la loi. Par conséquent, pour moi, Hardy est hors de cause." L'avocat est un vieil habitué des prétoires, et ne peut ignorer que la Justice est d'abord une création humaine, forcément imparfaite, soumise à autant d'aléas ne présentant aucune espèce de rapport avec les dispositions des Codes à la disposition des magistrats. A ses yeux, l'affaire est entendue : Hardy est hors de cause parce que le tribunal l'a innocenté, et non point nécessairement l'Histoire. De son côté, il admet que Laure Moulin doit se contenter de suggérer la culpabilité de René Hardy, non la proclamer clairement, afin d'éviter des poursuites judiciaires qui empoisonneraient davantage le climat mémoriel.

Autre élément, la relative inexpérience de Noguères dans cette affaire. Les pages de son Histoire de la Résistance sont certes accablantes pour Hardy - et Noguères ira encore plus loin en 1984 (La vérité aura le dernier mot), s'abstenant cette fois de prendre des gants - mais il commettra plusieurs erreurs méthodologiques aussi surprenantes qu'inexcusables. Il disqualifiera ainsi la meilleure preuve documentaire contre René Hardy, à savoir l'irréfutable Rapport Kaltenbrunner (dont on a vu ici que son principal contempteur du jour, Jacques Baynac, avait été incapable de le contester), parce qu'il s'agit d'un document nazi : de toute évidence, le passé des années quarante ne passait pas encore totalement, et les passions demeuraient vivaces.

Autre élément trahissant son ignorance : Hardy n'a peut-être pas trahi, car si tel était le cas, il aurait livré ses amis du réseau Combat. Or, il annihilera lui-même cet argument dans son ouvrage de 1984 (p. 144-146), notamment au motif que le fait ne prouve rigoureusement rien. L'objectif de Barbie, ajouterai-je, était "Max", et Hardy devait le lui apporter : rien d'autre ne comptait. Par ailleurs, lui assurer une évasion "crédible" permettait au gestapiste d'utiliser plus efficacement son agent double - mais son absence de Lyon au second semestre 1943 contribuera certainement à cette inaction.

Au final, ces différentes pressions (judiciaires surtout, mémorielles ensuite), et ces erreurs initiales d'appréciation aboutiront à un traitement du dossier passablement incohérent et nébuleux. Le résultat sera calamiteux, favorisant les hypothèses les plus folles, étayant les accusations les plus délirantes. A vouloir faire preuve d'impartialité et de mettre sur le même plan des hypothèses crédibles et des affirmations conspirationnistes, d'aucuns se fourvoieront dans l'inepte, mais commettront moult dégâts collatéraux, accablant des innocents pour sauver un coupable.

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 bidouillé par Jacques Ghémard le 1 1 1970  Hébergé par PHP-Net PHP-Net  Temps entre début et fin du script : 0.01 s  5 requêtes