Bonsoir,
A chaque fois qu'il est question de la percée de Sedan, je ne résiste pas à raconter ma petite anecdote maintes fois répétées. Elle illustre bien le fossé qui sépare deux Etats-Majors. Euh! le fossé? En l'occurrence la Meuse!
Le 12 mai 1940 ! La Meuse roule paisiblement ses flots entre ses rives verdoyantes. Ce jour là, à Wadelincourt, peu après 18 heures, le crépuscule jette déjà son ombre sur le fleuve, une légère brume flotte sur les eaux du fleuve. Des éclaireurs de l’armée française détectent des embarcations pneumatiques qui glissent silencieusement d’une rive à l’autre. Ce sont des Allemands ! Une estafette est dépêchée, à 50 km de là, vers le château où le général Huntziger tient son PC. Huntziger est à table ! Un grand feu de bois crépite dans la cheminée. Le lustre de cristal brille de mille éclats. L’ordonnance du général tient lieu de majordome. En gants blancs, il sert un repas de prince (normal, nous sommes dans un château). L’estafette annonce au général : "Quarante Allemands ont franchi la Meuse". "Bien mon ami, répond le général, demain ça nous fera 40 prisonniers".
Demain ! Le lendemain, la brèche est énorme et déjà les blindés de Guderian fonce sur Sedan.
J’oubliais d'ajouter : à bord des embarcations pneumatiques avait pris place Guderian lui-même.
Prosper nous dira si mon anecdote, à peine romancée, correspond à la réalité.
Bien cordialement,
Francis. |