Il est curieux que tu cites l'extrait reproduit sans en donner l'adresse. Je n'en tire aucune conclusion mais donne l'adresse en question ci-dessous.

N'ayant jamais, pour d'évidentes raisons, envisagé la conservation intégrale, sur mon site, de nos débats riches en redites et autres déchets variés, mais y mettant au contraire des florilèges destinés à favoriser la lecture, et laissant aux forums originels la responsabilité de la conservation intégrale (que j'ai toujours et partout hautement et publiquement souhaitée), je ne fait pas non plus d'archives privées à ce sujet et serais donc bien en peine de me reporter à tes écrits. Mais ne les aurais-tu pas toi-même conservés et, si oui, ne serait-ce pas le moment de les produire ?

En attendant, tu illustres assez bien un défaut méthodologique contre lequel, depuis un petit moment, j'alerte la cantonade : le fait d'installer le coeur de la discussion non pas sur les années de guerre et les points d'histoire débattus, mais sur les années de nos débats, les empoignades à leur sujet et les victoires supposées de l'un ou de l'autre (mais plutôt de l'un !) qui cloraient inexorablement tel ou tel chapitre, au point qu'il serait d'une insigne mauvaise foi de les rouvrir.

Personnellement, je fais état d'un fait nouveau pour moi : une conversation Hitler-Goebbels très longuement rapportée par le second, en un moment décisif de la campagne de 1941. Il m'étonnerait fort que, dans ce passage qui m'a échappé, tu le cites longuement et dans toutes ses nuances. En tout cas ce n'est pas ce que fait l'auteur de ta seule référence, Kershaw, dont on peut dire que l'allusion est bâclée (explication probable, au moins partiellement, du fait qu'elle n'ait pas attiré mon attention).

Le fait est là : il s'agit d'une de ces nombreuses occasions, récemment révélées par le journal de Goebbels et encore bien peu prises en compte par les spécialistes, où Hitler convoque d'urgence son ministre de la Propagande pour le préparer à un changement radical.

Plus généralement, il s'agit, comme pour l'arrêt devant Dunkerque, la mission de Hess, les conversations Himmler-Bernadotte en 1945, etc, etc, et mille autres problèmes historiques, d'événements qui auraient pu faire prendre à l'histoire un autre cours et ont donc un certain intérêt historique (et même un intérêt historique certain), mais qui, marqués du sceau de l'échec, ont fait l'objet de dissimulations intéressées. L'historien est donc tenté de les nier ou au moins d'en nier l'intérêt. A mon avis il est capital, pour être un bon historien, de répudier de toutes ses forces ce genre de tentation. Mais il est vrai que pour ouvrir ce genre de dossier il faut avoir le cuir un peu blindé contre les sarcasmes.