Bonjour,
Ces deux livres ont un mérite : ils nous rapportent les mots de quelques uns de ces milliers d'anonymes qui firent leur période en Algérie, appellés ou rappellés, et qui n'osèrent pas le dire ouvertement des années encore après les faits. Comment parvenir à faire ce fichu deuil quand votre passé militaire est à peine reconnu par l'Etat et la mémoire nationale...?
Ce sont deux ouvrages nécessaires si on souhaite comprendre les raisons de l'occultation quasi générale de cette guerre sans nom qui fit tant de victimes dans les deux camps. Une génération de jeunes Français a vécu avec le sentiment d'avoir été les complices forcés de pratiques avilissantes - certains psys affirment que parfois la torture abîme autant le bourreau que la victime - et les livres de Rotman et de Tavernier leur donnent enfin la parole sans les juger à priori.
Lors de la publication de "La guerre sans nom", B. Poirot-Delpech avait écrit :"Rien que le DIT humble de l'authentique piétaille, mal informée, interdite de décision comme de délibération, exécutante, crapahutante, obligée de malmener des civils, de donner puis de reprendre sa parole, tuée par milliers, blessée à vie : la base, quoi !(...) Et la rage sourde des témoins ressort, intacte."
Cordialement,
René Claude |