une autre analyse - Hollywood s'en va-t-en guerre - forum "Livres de guerre"
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Hollywood s'en va-t-en guerre / Edward F. Dolan jr

En réponse à
-1Over There : une très bonne série... de René CLAUDE

une autre analyse de arcole le samedi 27 janvier 2007 à 11h20

Ce film est une entreprise commerciale. Il a été conçu pour plaire au plus grand nombre, ratisser large dans toutes les tendances. Sinon, il aurait été tourné en Irak, et avec le concours de l’US Army. Cette objectivité de façade résiste mal à l’examen des diverses péripéties et des personnages. La critique anti-américaine est beaucoup plus féroce et décapante, que celle du camp adverse. Décryptons, si vous le voulez bien.

L’armée américaine est traitée sans ménagement, du colonel tortionnaire (épisode « le prisonnier », au général qui ordonne une liquidation sans expressément le dire (épisode le guetteur), sans parler du civil pétrolier (situation normale), de la mesquinerie prédatrice des officiers (butin de guerre), du lieutenant expéditif qui veut donner l’assaut (le piège).
Le personnage de la petite blonde à cheveux courts Mrs B., par ailleurs attachante, est aussi une illustration subliminale d’une autre petite blonde à cheveux courts, Lynndie England, gardienne à la prison d’Abou Ghraïb. Est-ce involontaire ? On voit quand même Mrs B écraser du pied la main d’un mort, ou insulter un prisonnier. La ressemblance physique est-elle réellement fortuite?

Du général Downer, qui veut ses chiottes, aux antipathiques lieutenants Taylor Mad Cow et Hunter Underpants, la litanie antiaméricaine se déroule, bien rodée, bien huilée.

Heureusement, restent des personnalités sympathiques et attachantes, capitaine Baron, Sergent Scream, et les soldats Angel, Bo, Dim, Doublewide, Smoke.

Ajoutons à cela la mesquinerie institutionnelle de l’armée, qui réclame le prix de jumelles perdues à un invalide de guerre, ou l’incompétence qui consiste à envoyer sa solde à son ancienne adresse, alors qu’il a été ramené jusqu’à sa porte par un véhicule de l’armée.

L’image de la femme américaine également en prend un coup : rien que des créatures infidèles, alcooliques ou droguées, abandonnant leur enfant, ou le refilant à leur convenance pour se payer du bon temps. Seule Terry, l’épouse de Bo, est à la hauteur. Mais le message est globalement négatif. Ne parlons pas du conseiller Mike, ancien de la première guerre du golfe, et ancien drogué, des réunions chez les alcooliques anonymes. Le portrait global de la société américaine est sinistre.

Imaginons la jubilation de l’anti-américain, qui visionne cette série, où l’on voit une épouse qui trompe son mari, une mère qui abandonne son enfant, une femme qui se saoule, un père qui vole son fils, un fils qui frappe son père (l’abomination suprême dans toute société monothéiste, basée sur le Décalogue). L’épisode final, la beuverie à la bière après le meurtre (éventuel) de leur officier n’est pas non plus de nature à rehausser l’image d’une armée tellement contestée dans son action.
Seuls éléments positifs, par petites touches discrètes, la petite fille du terrain de sport, le gérant de fast food qui offre le repas à la déserteuse, le marchand de bonbons qui s’apitoie du spectacle du papa poule, le marathonien unijambiste, et le colonel de la remise de médaille.
Quelques gouttes de miel dans une bassine d’acide.

Face à eux, des « insurgés » démentiels, fanatiques, suicidaires, mais jamais antipathiques. Civils fourbes, menteurs, aux allures apeurées, masquant une haine viscérale.
Ce ne sont pas des « méchants », seulement un choc des cultures, selon les créateurs de ce film. Mais quelle est cette culture qui jette des bombes sur des camions apportant des vivres aux civils ?
La question ne sera pas posée. La mise en accusation est unilatérale.
L’endoctrinement religieux n’est qu’esquissé, par petites touches furtives, les visages sont nobles (l’imam) ou beaux (Gamal, le terroriste captif). La sidérante demande de ce dernier, d’épargner la famille qui cache les missiles est en totale contradiction avec la désinvolture précédente, qui a amené à sacrifier quatre vies irakiennes pour faciliter l’évasion du même humaniste.

Les longues discussions philosophiques entre combattants américains sont aussi surréalistes
qu’invraisemblables. Dans aucune armée du monde, et dans aucun conflit, des combattants ne se livrent à ces longues disgressions sur leurs motivations. (« peut on croire en Dieu et tuer quand même ? ») Les réalisateurs ont voulu se faire plaisir, faire passer un message, au mépris de toute vraisemblance. Ce sont parlotes de civils intellectuels, pas de soldats au combat.

Quant aux points faibles dans la réalisation, le conseiller militaire s’en explique dans la documentation annexe, jointe au DVD. Les soldats au combat sont toujours très éparpillés et dispersés, tandis que les nécessités du cadrage des caméras exige au contraire qu’ils soient bien groupés et rapprochés. C’est la sempiternelle invraisemblance qui saute aux yeux.

Dans le dernier épisode, plusieurs grosses invraisemblances.
LE CAS DE CONSCIENCE DE DOUBLEWIDE. Son camion ne pouvait pas être en tête d’un convoi protégé, sur une route dangereuse. C’est au mépris de toute logique qu’on a créé ce dilemme dramatique. Le premier véhicule du convoi devait être un véhicule armé.

Autre invraisemblance, le véhicule armé, en seconde position, se voit doté d’un lieutenant, pour actionner la mitrailleuse ! On peut admettre qu’un dangereux allumé comme le lieutenant Hunter ait exigé de prendre la place du mitrailleur, au départ, mais ce n’est pas vraisemblable. Et une fois chacun à sa place, il ne pouvait pas non plus écarter le tireur titulaire pour prendre sa place, assez rapidement.

Autre invraisemblance ! Le lieutenant Hunter tire sur le gosse, à la mitrailleuse de 12,7 (une .50 selon l’appellation américaine). Et le gosse tombe, le corps INTACT, après cette dégelée de pruneaux de très gros calibre, qui aurait dû le déchiqueter. Pas une goutte de sang. Mais en revanche, quand le lieutenant Hunter se ramasse UNE balle de fusil d’assaut, il saigne à en inonder la chaussée.
Voilà ce qui arrive quand des civils intellos tournent des films de guerre. RIGOLAM.

Petits détails techniques : le sang, généreusement versé sur les soldats tués, c’était du beurre de cacahuète. Et les bouteilles de bière de la scène finale avaient été garnies de… Coca Cola pour éviter aux acteurs de se beurrer !
La fumée, en revanche, était bien réelle, et quasiment toxique. Les acteurs s’indignaient de voir, autour d’eux, cameramen et techniciens, protégés par des lunettes et des masques à gaz pendant le tournage.

A vouloir plaire à tout le monde, on ne satisfait personne.
Dommage, une saison 2 aurait été intéressante.

*** / ***

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 bidouillé par Jacques Ghémard le 1 1 1970  Hébergé par PHP-Net PHP-Net  Temps entre début et fin du script : 0.01 s  5 requêtes