LES FORMATIONS DE LA MARINE AUX ARMEE PENDANT LA GUERRE 1939 - 1940
EMG, SH, 1953 par le capitaine de frégate Caroff
Le 1er bataillon de fusiliers marins
A – Formation du bataillon.
A Londres, fin juin, le vice-amiral Muselier, commandant les forces navales françaises libres, décide de constituer une unité de fusiliers marins.
Le 14 juillet, il lance un appel aux volontaires désireux de servir dans cette unité et, dès le 17 juillet, le 1er bataillon de fusiliers marins prend armement.
Le 1er août 1940, il est rassemblé au camp d’Aldershot, entre Londres et Portsmouth.
Le 30 août, le bataillon, placé sous le commandement du lieutenant de vaisseau Detroyat, comprenant 9 officiers, 4 aspirants, 18 sous-officiers et 190 hommes, embarque sur le Westernland à Liverpool et appareille pour Freetown, où il arrive le 14 septembre.
B – Attaque de Dakar
Dès le 11 septembre, la répartition des fusiliers marins sur des bâtiments de guerre des forces françaises libres, en vue de l’occupation de Dakar, est prévue :
-- les enseignes de vaisseau Amyot d’Inville et Touchaleaume, avec une centaine
d’hommes, doivent embarquer sur le Savorgnan de Brazza : ils ont mission d’occuper
les quais et les bâtiments du port de Dakar :
-- un autre groupe de 39 hommes, avec l’enseigne de vaisseau Le Bourgeois, doit
participer à cette même mission ; il sera embarqué sur le Commandant Dominé :
-- enfin, un troisième groupe comprenant le lieutenant de vaisseau Detroyat, l’enseigne
de vaisseau des Moutis, l’officier des équipages Le Meur et 76 hommes, ayant pour
mission d’occuper le Richelieu, doit embarquer sur le Commandant Duboc.
Le 20 septembre, l’embarquement se fait sur ces trois bâtiments, qui appareillent le 21 pour l’attaque de Dakar.
Le bataillon de fusiliers marins doit débarquer à Rufisque, les premiers éléments à mettre à terre devant être ceux du Commandant Dominé.
Le 23 septembre, le Commandant Dominé accoste la jetée de Rufisque, mais devant la réaction des défenses terrestres, il doit renoncer à débarquer ses fusiliers marins et appareille.
Le 27 septembre, le bataillon est de retour à Freetown, d’où il est aussitôt dirigé sur Pointe Noire, où il arrive le 11 octobre.
C – Opération du Gabon
Le 5 novembre, une section du bataillon participe à la prise de Lambaréné.
Le 10 décembre, les fusiliers marins sont répartis de la façon suivante :
-- une section sous les ordres du lieutenant de vaisseau des Moutis, à Port-Gentil :
-- une section sous les ordres du lieutenant de vaisseau Amyot d’Inville, à Libreville :
-- un groupe à Mayonba, un autre à Loango et le reste à Pointe-Noire.
D – Opérations de Syrie
Le 27 janvier 1941, le bataillon est regroupé à Pointe-Noire.
Le 21 février, il embarque sur le Capo Olmo pour se rendre à Freetown, où il est transbordé sur le Thysville, qui appareille le 6 mars pour Suez, via le Cap de Bonne Espérance.
Le 23 avril, les fusiliers marins débarquent à Suez et sont aussitôt acheminés sur Qastina, en Palestine.
Le 7 juin, à 15 h 30, le bataillon quitte Qastina pour la Syrie.
Le 10 juin, il s’installe, avec le Q.G. de la 1re division française libre, à Rabarheb.
Le 14 juin, les fusiliers marins font partie du bataillon du commandant de Chevigné, qui comprend, outre le bataillon de fusiliers marins, deux compagnies du bataillon d’infanterie de marine.
Le 16 juin, les fusiliers marins et l’infanterie de marine occupent Taibe, Monqueilibé, Douair, Artouz, Idardet-Artouz.
Le 17 juin, ils attaquent Monddamiyé, mais sont arrêtés par les feux d’infanterie, un barrage d’artillerie et trois chars.
Le 19 juin, ils repoussent à Artouz, avec l’infanterie de marine, deux attaques de chars venant de Qastina.
Le 22 juin, le bataillon est en réserve à Damas.
Au cours de ces opérations, un officier (capitaine de corvette Détroyat) et dix sous-officiers et marins, ont été tués ; deux officiers (lieutenant de vaisseau Amyot d’Inville et lieutenant de vaisseau Touchaleaume) et trente et un sous-officiers et marins ont été blessés.
Le 16 juillet, les fusiliers marins rentrent à Beyrouth.
Les forces navales françaises libres manquant de personnel pour armer la marine au levant, le vice-amiral Muselier, avec l’accord du général de Gaulle, ordonne la dissolution du bataillon de fusiliers marins dont le personnel doit être versé à la marine au levant.
Mais cet ordre ne sera jamais exécuté, par suite de l’opposition du général Catroux.
E – Opérations de Libye et de Tunisie.
Le 30 décembre 1941, le bataillon de fusiliers marins, transformé en unité D.C.A. armée de canons de 25 mm, quitte la Syrie pour le front de Libye. Il recevra ultérieurement, le 18 mai, douze pièces de 40 boforts.
Le 5 janvier 1942, il campe à Marsa Matrouh, puis prend position le 15 janvier à Halfaya.
Replié le 3 février, il repart le 14 pour Bir-Hakeim. Il y restera jusqu’au 10 juin, sous les ordres du lieutenant de vaisseau Amyot d’Inville, avec la 1re brigade française libre, commandée par le général Koenig.
Il participe à toutes les colonnes mobiles qui harcèlent l’ennemi avant l’offensive germano-italienne de mai 1942.
Le 27 mai, les 40 boforts des fusiliers marins contribuent à enrayer l’attaque de la division italienne Ariete.
Le 1er juin, une section de fusiliers marins, sous les ordres de l’enseigne de vaisseau Bauche fait partie de la colonne du lieutenant-colonel Branché dans sa marche sur Rotonda Segnali.
Cette colonne subit de nombreuses attaques aériennes au cours desquelles la D.C.A. des fusiliers marins abat quatre avions. Le 3 juin, la colonne Branché, rappelée, réussit à rentrer à Bir-Hakeim.
Pendant toute l’attaque de Bir-Hakeim du 3 au 10 juin, le bataillon de fusiliers marins participe de façon continue à la défense antiaérienne et réussit, dans la sortie en vive force de la nuit du 10 au 11 juin, à sauver une grande partie de son matériel : il a perdu 11 hommes au cours de ces opérations.
Replié dans la région d’Alexandrie, d’Ismalia, puis à Beyrouth, il se reconstitue et se réarme.
Le 20 octobre il est de retour en Libye, peu avant le déclenchement de l’attaque alliée. Il suit la progression des troupes alliées à la poursuite des troupes germano-italiennes jusqu’en Tunisie.
Le 18 avril, il est à Maturba, le 20 à Benghazi, le 22 à Marble Arch, le 24 à Sultan, le 26 à Buera, le 27 à Misurata, le 29 à Médenine.
Le 7 mai, il entre à Kairouan et participe, le 12, à la libération d’Enfidaville, d’où il gagne Bizerte et Tunis.
Le 10 juin, il se remet en route vers la Tripolitaine et s’installe, le 12 juin, aux environs de Zuara, où il reste en attente de matériel nouveau et de personnel.
Le 24 septembre, est décidée la transformation du bataillon en « 1er régiment de fusiliers marins », qui doit être équipé en régiment de reconnaissance.
Fusiliers Marins par le Capitaine de Corvette Roger Barberot, Collection France-Empire, page 14
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Le général de Gaulle vient le 7 août (1940). Le duc de Connaught, qui est le seul survivant des frères de la reine Victoria, vient à son tour.
Enfin, le roi Georges VI et le général vicomte lord Gord.
Tous ces défilés et ces revues ne ralentissent pas l’instruction militaire. Elle est, dès le 15 août, considérée comme suffisante en ce qui concerne les recrues qui sont renvoyées pour armer les premiers bâtiments disponibles.
On prélève même sur l’effectif d’origine du bataillon, des spécialistes indispensables pour compléter et encadrer ces jeunes équipages.
Ainsi, un mois après avoir décidé la formation de ce bataillon, l’état-major des F.N.F.L., aux prises avec une crise d’effectifs qui ne cessera jamais, jette un regard d’envie et de regret sur cette unité qui, par le nombre et la qualité représente une véritable mine de marins entraînés. Pendant trois ans, les commandants successifs déploieront des prodiges d’habileté et de ruse et feront preuve de grand sens politique pour qu’on puisse maintenir le bataillon aux effectifs fixés.
Qu’il s’agisse de faire la sourde oreille aux demandes de Londres touchant certains spécialistes, qu’il s’agisse de combler les pertes ou d’empêcher qu’on ne lui retienne définitivement certains détachements prêtés par lui pour organiser la défense des différents territoires libérés ou l’instruction des volontaires levés sur place.
Drames quotidiens de la France libre, où il faut être partout à la fois.
Cependant, à partir du 20 août le bataillon se trouve constitué à effectif de campagne, bien qu’il soit encore privé de 20 hommes, radios pour la plupart, conduits par le premier maître Colmay et que l’armée a emprunté avec promesse formelle de les rendre.
223 officiers et hommes, voici l’effectif du premier bataillon.
C’est le plus fort contingent constitué de la France libre après le bataillon de la légion étrangère du colonel Monclar...
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... A signalé que les transmissions dites « de Gaulle » sont assurés en grande partie par les vingt fusiliers marin radio du premier maître Colmay...
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... Enfin, vers le début de janvier (1941), tous les éléments dispersés du bataillon commencent à rentrer, Colmay et ses deux radios rallient les derniers à la fin du mois.
Une hypothèse sérieuse, sur l’activité de Roger LE POITTEVIN dans les F.F.L., est qu’il aurait fait partie des transmissions « de Gaulle » à Londres, avant d’être affecté aux opérations de la 1ère B.F.L..
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