Bonjour à tous,
Nous parlions récemment des "célébrités" engagées dans la 2e DB (Jean Marais, Jean Gabin…); je vous transcris ici quelques lignes du livre "Les Vaincus seront les Vainqueurs", de JC NOTIN, relatives au Brigadier Valéry Giscard d'Estaing.
Page 369
" VGE, jeune Brigadier du 2e Dragons à Constance, joue de l'accordéon, fait la cour à la fille de l'aubergiste, visite le Tyrol… L'Allemagne n'est en effet pas entièrement étrangère à VGE puisqu'il y est né en 1926. (…) A la Libération de Paris, il a ressenti le besoin absolu de s'engager, persuadé que "si, à l'âge que j'avais, c'est a dire 18 ans, je ne participai pas à la guerre avant qu'elle ne soir finie, toute ma vie, j'en mourrais de honte!" Roland Cadet, ami de la famille, lui permit de rejoindre la 1re Armée avec son cousin François, ancien des maquis d'Auvergne. Pointeur sur le char "Le Carrousel", du 2e Hussards, VGE s'est en particulier distingué lors des combats de Behla, en remorquant en pleine mitraille, le char "Arc de Triomphe".
Page 358, 8 mai 1945:
"La fin des combats est aussi la fin d'un mode de vie. "Quelque chose qui tombe à plat, note de Monsabert dans son journal personnel. La joie, l'enthousiasme, c'est à l'arrière, sans doute à Paris et surtout, et c'est là la seule chose qui nous fait plaisir, chez ceux et celles qui nous attendent. Oui, ceux-là la réaliseront".
Au 2e Dragons, le brigadier VGE partage cette sensation de vide: " On ne sait pas ce que l'ion va faire; même psychologiquement, on ne sait pas comment on va se comporter. Jusque là, tout avait un sens. Tous les matins, nous faisions 10 km de plus avec nos chars, nous avancions, nous avions une tâche. Et puis d'un coup, tout s'arrête. Le sentiment général est celui d'une espèce de joie abstraite, qui est célébrée en buvant des litres de vin rouge".
Et pour cause, en prélude à la cessation des hostilités, le Ministre de la Guerre, André Diethelm a demandé le doublement des rations d'alcool… (…)
Berchtesgaden s'est transformée en Parc d'attractions pour unités au repos !"
Si j'en crois le (très sérieux) site de l'Académie Française, le "Carrousel", fut le 1er Char à entrer dans Constance en 1945. VGE fut cité à l'ordre de l'Armée et décoré de la Croix de Guerre avec Etoile de Vermeil + la Bronze Star Medal US.
ET quelques lignes écrites par VGE lui-même: source l'Express du 2/2/2006
"J'appartenais à un petit groupe issu de la Résistance et qui avait pour mission de protéger le PC du délégué de De Gaulle à Paris, rue Séguier. J'étais place de l'Hôtel-de-Ville, dans le service d'ordre, le 25 août, pour l'arrivée du général de Gaulle au balcon. La scène était superbe. J'ai été marqué par ses propos sur Paris, «qui s'est libéré par lui-même». J'en suis resté le souffle coupé: comment pouvait-on dire une chose pareille? J'avais vu comment l'insurrection était réduite à un petit nombre de quartiers. Nous étions quelques milliers, tout au plus. Notre armement était composé de mitraillettes Sten et les Allemands pouvaient probablement liquider tout cela sans difficulté. Paris a été libéré par l'armée américaine du général Patton et, subsidiairement mais brillamment, par la 2e DB du général Leclerc. Cela a introduit en moi un grand doute, qui a accompagné mon existence, sur la vérité en politique: on dit des choses que l'on sait ne pas être vraies à des gens à qui on veut les faire croire et qui font mine de les accepter. Ce fut un grand choc. Aux Champs-Elysées, le lendemain, c'était extravagant, avec de Gaulle marchant devant une forêt de drapeaux français et espagnols! C'étaient les républicains. Il y avait aussi des tirs clairsemés au niveau des toits. A Notre-Dame, on a entendu des coups de feu claquer dans la cathédrale et j'ai vu alors le courage de De Gaulle. Ce n'était certes pas terrifiant, mais il ne sourcillait même pas, alors que des gens se couchaient par terre. Je l'ai revu un an plus tard, dans le Tyrol allemand, quand il a passé en revue notre régiment, le 2e Dragons de chasseurs de chars. De Lattre nous avait imposé un style assez «briqué»: nous nous rasions tous les matins à l'eau froide dans nos casques! De Gaulle est passé devant nos blindés et n'a pas eu un seul regard vers nous."
DECIDEMENT, la 2e DB était vraiment le "must" de l'époque , l'endroit où il "fallait être" ou "être vu", non ??
-Ah, mais madame Léon, là, vous jugez avec des yeux de 2006... pas bien !!
A plus tard,
Frédérique |