C'est un beau film grand public qui peut être vu à plusieurs niveaux, une réussite, quoi ! Une fois encore, le réalisateur fait montre de son intelligence du cinéma pour la lecture d'événements violents et fédérateurs de l'Histoire de son pays. En vieillissant (si bien !), Clint interroge inlassablement les grands mythes contemporains de l'Amérique. Il pose sa caméra de l'autre côté du miroir pour comprendre leur fonction et leur construction.
Avec cette bannière montée sur Iwo Jima mais rejouée à travers le pays par des Marines qui traînent de plus en plus la patte, Eastwood nous montre que la mise en spectacle d'événements à des fins marketing et/ou de propagande, un mode opératoire devenu aujourd'hui planétaire dans la culture "people", est une invention des publicistes américains. Mais là encore, la lecture du réalisateur est double : cette répétition est à la fois grotesque et utile pour secouer un peuple qui commençait alors à douter de la victoire sur le Japon, pire, à oublier ses boys sur les îles sanglantes.
Critique et solidaire, Eastwood est bien un successeur inspiré des Ford, Hawks, Huston, Preminger et l'oncle des Terence Malick, Sean Penn et George Clooney.
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