Bonsoir,
Il est certain que l'arrivée à Londres d'un général à cinq étoiles intéressa vivement Churchill ! Aux yeux de Churchill, le général Catroux avait une autre envergure qu'un général à deux étoiles "à titre temporaire" et jouissait en outre d'une notoriété à laquelle ne pouvait pas encore prétendre le général de Gaulle. Il semblerait, qu'à l'insu du général de Gaulle, Churchill ait proposé à Catroux de faire escale au Caire afin de lui proposer de prendre la tête de la France Libre. C'était sans compter sur la réaction du général de Gaulle. Informé des projets de Churchill, de Gaulle rappela vertement que c'était lui, et non un autre, qui était reconnu comme le chef de la France libre et qu'aucun accord ne pouvait être pris autrement que par son intermédiaire.
Comme le rappelle Arcole, de Gaulle était-il animé des mêmes intentions qu'à l'égard de Noguès ! Rappelons la teneur du télégramme du 19 juin 1940 :
*** Suis à Londres en contact officieux et direct avec gouvernement britannique. Me tiens à votre disposition, soit pour combattre sous vos ordres, soit pour toute démarche qui pourrait vous paraître utile. ***
Revenons à Londres ! En octobre 1940, alors que le général de Gaulle est en Afrique, le général Catroux arrive à Londres où l'attend une lettre datée du 29 août. J'en reproduis un extrait significatif :
*** Mon Général,
Vous ne sauriez croire avec quelle joie j'ai appris votre arrivée prochaine (.....)
.... Dès que nous pourrons prendre à bras-le-corps l'Afrique du Nord, il faudra que "quelqu'un" s'en charge. Ce quelqu'un, ce sera vous, mon Général, si vous le voulez bien.
Vous savez que le Gouvernement britannique, après m'avoir reconnu comme "Chef des Français Libres", a, par avance, accepté de traiter de toutes les questions concernant la défense et la vie économique de notre Empire avec un "Conseil de défense de la France d'outre-mer", au cas où j'en constituerais un. Telle est en effet mon intention. Je vous demande, mon Général, d'accepter de prendre dans ce conseil la place "Afrique du Nord" (...) ***
Manifestement le général de Gaulle ne propose pas, comme à l'égard de Noguès, de se placer sous les ordres de Catroux, son supérieur. Par ailleurs, il est tout à fait remarquable que Catroux ayant sans doute perçu d'instinct le rôle et le destin politique du général de Gaulle, se rangea d'emblée sous l'autorité incontestée du "Chef des Français Libres". Un bel acte de foi !
Sous cet angle, la réflexion de René "qu'un supérieur multi-étoilé accepte d'obéir à un officier de rang inférieur signifia que cette aventure bousculait les catégories" prend tout son sens.
Bien cordialement,
Francis. |