Bonsoir,
Outre l'ouvrage de Daniel Lefeuvre, "Pour en finir avec la repentance coloniale" et celui de Bernard Lugan, "Pour en finir avec la colonisation", quelques titres, édités ou réédités récemment, repérés dans les rayons d'un espace média en douce France !
+ "La mémoire enchaînée" de Françoise Vergès aux éditions Albin Michel (mai 2006) qui analyse l'irruption récente de l'esclavage et de l'héritage colonial dans le débat public.
La présentation de l'éditeur :
*** Pour la première fois en France, traite négrière et esclavage font la une des journaux, sont débattus dans les médias et suscitent des controverses. Deux questions s'imposent : pourquoi le débat public est-il si tardif ? Et pourquoi revêt-il un caractère si extrême ? En revenant sur les termes de ce débat, Françoise Vergès suggère que la lenteur qui a présidé à cette prise de conscience peut être analysée comme un point aveugle dans la pensée française. Elle revient sur les conditions et les causes de l'oubli, pour imaginer les conditions de son dépassement, sans céder à ceux qui veulent faire de la mémoire de la traite et de l'esclavage une rente de situation ou à ceux qui tentent de l'utiliser pour justifier des dérives populistes. Le débat montre que la majorité des descendants d'esclaves ne veulent plus être esclaves de l'esclavage qui fut imposé à leurs ancêtres. Ils refusent d'être enfermés dans le passé, mais sont convaincus que, sans un examen et un tri de l'héritage, ce passé restera un passif, une assignation à résidence. ***
+ Françoise Vergès est également l'auteur de "Abolir l'esclavage : une utopie coloniale. Les ambiguïtés d'une politique humanitaire" également aux éditions Albin Michel (2001)
La présentation de l'éditeur :
*** Qu'y a-t-il de commun entre le discours et la politique abolitionnistes de la fin du XIXe siècle et le discours et la politique humanitaires d'aujourd'hui ? Pourquoi et comment la notion de réparation de la traite des Noirs et de l'esclavage a-t-elle pris tant d'importance depuis quelques années ?
Dans cet essai d'histoire culturelle et politique sur les contradictions de la doctrine anti-esclavagiste, Françoise Verges s'attache à montrer comment s'établit, dès la fin du XIXe siècle, une rhétorique de l'urgence où l'Afrique joue un rôle central. Se précisent alors les images du bienfaiteur et de la victime, le désir de "faire le bien", l'injonction morale de prévenir et de soulager des souffrances, l'indignation devant les bassesses humaines, la croyance en l'idéal éducatif européen, et la volonté d'élaborer un droit d'intervention des nations éclairées dans des pays souverains.
Ce livre suit l'évolution d'une politique de la pitié et de l'amour, avec toutes ses ambiguïtés. Il met en lumière des liens peu connus entre l'abolitionnisme, les politiques de réparation, l'héritage du colonialisme et les origines complexes et souvent inattendues de l'humanitaire. ***
+ "La traite des Noirs" de Hugh Thomas dans la collection "Bouquins" aux éditions Robert Laffont (septembre 2006). Il s'agit d'une réédition corrigée de la somme (plus de mille pages) parue il y a quelques années.
La présentation de l'éditeur :
*** "Tout n'a pas été dit sur la Traite des Noirs. Et notamment pourquoi un tel crime a pu durer si longtemps, près de cinq siècles. Dans ce livre, l'exposé le plus complet de la Traite transatlantique aujourd'hui disponible, Hugh Thomas tente de répondre à cette question. Il montre comment cette histoire est inextricablement liée à celle de l'Occident, dont elle occupe le centre, selon le mot de Tocqueville : " La destinée des nègres est en quelque sorte enlacée dans celle des Européens. Les deux races sont liées l'une à l'autre. " On verra comment, alors que le monde médiéval avait à peine tourné la page de l'esclavage massif, les découvertes géographiques, mais aussi l'idéal antique de la Renaissance vont le ranimer. Afrique puis Nouveau Monde font irruption dans la conscience européenne via le Portugal et l'Espagne qui mettent en place la Traite dès 1440. Peu à peu le point de gravité de l'odieux commerce - " le plus rentable des commerces ", disait Louis XIV -, recherche de l'énergie humaine et sucrière, se déplace vers le nord, prenant toute sa part dans les conflits déchirant l'Europe et l'Amérique, après l'Afrique où sont déversés, déjà, des millions d'armes. Enfin, l'Angleterre, la plus grande bénéficiaire du système, décide d'en devenir le gendarme : la campagne visant à l'abolir, adossée aux révoltes des esclaves, sera la première grande cause humanitaire internationale. Traite et esclavage ne disparaîtront pas pour autant. Hugh Thomas nous livre ici les témoignages directs des acteurs du commerce d'ébène : sous sa plume s'animent des êtres de chair et de sang, flotte la pestilence des négriers parés de noms charmants ou saints. L'histoire connaît-elle un sens, comme l'ont cru les Lumières ? Toutes les Traites sont-elles équivalentes ? Quel est le legs, durable, de cette histoire dans nos sociétés ? Peut-on refermer le débat avant de l'avoir ouvert ? " (Guillaume Villeneuve ) ***
+ "Esclaves chrétiens - Maîtres musulmans" de Robert C.Davis aux Editions Jacqueline Chambon (avril 2006)
La présentation de l'éditeur :
*** Sujet politiquement incorrect, sous-estimé par Fernand Braudel et par nombre d'historiens, l'esclavage blanc pratiqué par ceux que l'on nommait alors les Barbaresques a bel et bien existé sur une grande échelle et constitué une véritable traite qui fit, durant près de trois siècles, plus d'un million de victimes. Qui étaient-elles ? Comment se les procurait-on ? Comment fonctionnaient les marchés d'Alger, Tunis et Tripoli, les trois villes qui formaient le noyau dur de la Barbarie ? Quelle forme prenait l'asservissement, tant physique que moral, de ces hommes et de ces femmes originaires de toute l'Europe, et principalement d'Italie, d'Espagne et de France ? Quelle était leur vie dans les bagnes et sur les galères ? Comment l'Eglise catholique et les Etats européens tentèrent-ils de les racheter ? Dans cet ouvrage, fruit de dix années de recherches, et qui s'appuie sur de très nombreuses sources et une abondante documentation, Robert C. Davis bat en brèche l'idée élaborée au XIXe siècle et encore dominante d'un esclavage fondé avant tout sur des critères raciaux. ***
Voila, voila ! Quatre livres ainsi que les deux déjà mentionnés ! De quoi se forger une opinion sur la colonisation en noir et blanc ! Quoique je me méfie un peu des historiens qui surfent sur la vague de "l'air du temps" médiatique pour publier leurs ouvrages. Peut-on leur en vouloir de saisir l'opportunité d'être lus par le plus grand nombre et accessoirement d'arrondir leurs fins de mois difficiles ?
Bien cordialement,
Francis. |