Un texte extrait du livre "Le Chemin le Plus Long":
......La série noire n’est pas terminée, et de loin. Gaston Devalez arrive en trombe sur sa moto : Tresca et Rouard, leur char s’est fait percer par un 47... Il est très ému et s’embrouille un peu : leur char a pris un obus de plein fouet dans sa tourelle, toute leur réserve d’obus a explosé, même les balles de chargeurs. Il ne restait rien de leurs corps dans la carcasse tordue et calcinée.
Dans la Compagnie de chars, où les grades ne pèsent pas beaucoup sur les relations humaines, l’aspirant Tresca était d’abord cet adolescent romantique et spirituel, dont on savait vaguement qu’il avait été étudiant à l’université catholique de Beyrouth, et qu’on se rappelait parfaitement avoir vu jouer merveilleusement la comédie à bord du Thysville dans des soirées théâtrales qui sont dans toutes les mémoires... En un instant, ces joyeux souvenirs se glacent.
Rouard était l’un des dix-sept : du petit nombre de ceux qui, revenant de Norvège, avaient choisi de répondre à l’appel du général de Gaulle. Dynamique et compétent.
On n’a retrouvé de lui, ajoute Devalez d’une voix sourde, que son pied collé sur la pédale de l’accélérateur.
S’il faut mourir, pensent les autres en silence, que ce soit le pied sur l’accélérateur.
Lacoste n’a presque rien, bien qu’on l’ait cru mort un long moment. Pour Floch, c’est grave : une jambe arrachée, sans doute. Lacoste l’a traîné dans un fossé pour échapper au feu de l’ennemi ; Lacoste, Volvey et Le Floch ont réussi à le charger à bord du V.T.T. Il avait réussi à sortir de sa tourelle alors qu’il avait une jambe de moins et les yeux brûlés par le liquide anti-incendie ; il a rampé sur les coudes et sur une jambe pour s’éloigner du char.
Après la bravoure des hommes face au danger, ce qu’il y a de plus stupéfiant, c’est le courage dans la douleur et le refus du désespoir. Floch a simplement dit à Lacoste :
Je suis touché.
Un char étant un terrible réservoir (un tank, disent fort justement les Anglais) d’explosif et de carburant, avec, au milieu, la chair vivante, on joue le tout ou rien : une seule explosion et tout explose, tout l’intérieur est calciné comme le dedans d’un fourneau de pipe. Mais ce jeu de la vie et de la mort n’est pas sûr non plus : membres arrachés, yeux perdus... Et encore se sortir, ou être sorti du monstre qui devient vite une cage de fer brûlante.
Une photo prise par Jacques Hébert à l'hôpital de Jérusalem:
Albert Floch et Yves Le Du
prise le jour ou ils ont été faits Compagnons de la Libération.
Bien-sûr vous trouverez les informations sur le site auquel il m'arrive de participer:
Il y a encore de nombreuses photos à ajouter et il m'en arrive encore aujourd'hui sur la Campagne de France.