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Peau-D'Lapin / André-Jean Ragot

 

Torch et Ragot de Laurent Laloup le jeudi 21 septembre 2006 à 20h38

Trouvé sur le forum "Marine forum"

Je remercie l'auteur de cette contribution : Jean-Claude Balisson

Courrier du lecteur « la tribune N°25

En Juillet 1999 « la tribune » N° 25 traçait une biographie succincte de notre citoyen, Monsieur A.J. Ragot.
Un habitant de Meudon (92), Monsieur Jean Quéguiner, officier de Marine, ayant lu par hasard cette tribune, fort troublé par la relation de A.J . Ragot (massacre « délibéré » de soldats américains par la marine française, à Oran en 1942), et n’ayant pu, en dépit de ses recherches auprès d’instances intra et extra hexagonales, obtenir des précisions, souhaite que Monsieur Ragot les lui fournisse…
Bien que n’étant pas personnellement sollicité, notre concitoyen, témoin au tout premier plan de la tragédie de cette nuit terrible, y consent d’autant plus volontiers, qu’il y pense depuis bientôt soixante ans…Il a jugé bon d’intituler son récit qui, il l’espère, intéressera aussi tous ses amis de Buch :

---- La nuit sanglante ----

La situation en 1942 : depuis Avril, LAVAL, pro-nazi, remplace l’amiral DARLAN dans ses fonctions. L’Etat français est à la « Kollaboration » avec l’Allemagne. L’Amiral DARLAN, qui en 1941 souhaitait la victoire de l’Allemagne sur l’Angleterre et y croyait (Berchtesgaden 12 Mai 1941), n’en est plus aussi certain…Nommé dauphin officiel du Maréchal Pétain, ils déclarent conjointement que les possessions françaises se défendront contre tout agresseur, quel qu’il soit.

L’état d’esprit : attentisme !. L’Afrique du Nord, vichyste, a une confiance aveugle en Pétain et Darlan son successeur désigné. La Marine nationale, sans être pro-Allemande, cultive la haine de l’Angleterre depuis son agression à Mares-el-Kébir le 3 Juillet 1940 ( ) 6 Km d’Oran).

Le Général De Gaulle, en 1942 est toujours le félon condamné à mort. Les gaullistes ne sont pas des Français Libres, mais des dissidents traîtres à leur Patrie et sont, lorsqu’on peut les appréhender, condamnés et exécutés ! ( Oran Mars 42).

Je dormais à quelques mètres du quai ce 8 NOVEMBRE 1942 lorsque, vers 1 H 45 du matin, le souffle, dû à l’explosion d’un navire de guerre au milieu du bassin de la Marine Nationale ( Marine Oran) (1), pulvérisa le vitrage du service « Z » ( gestion des masques à gaz pour l’Algérie) et bouscula le hamac que, chaque soir, j’accrochais d’un mur à l’autre, dans un angle de l’atelier.

L’opération « TORCH », nom de code du débarquement anglo-américain en A F N, simultanément sur trois points : Algérois, Oranie, Maroc, venait de commencer pour les Oranais.

Outre les débarquements à quelques kilomètres de part et d’autre de la ville, deux petites unités britanniques, les corvettes Wolnay et Hartland devaient, dans la nuit sombre de saison, augmentée d’un black-out rigoureux, se faufiler, se glisser, tout au fond du port de commerce, jusque dans le cul-de-sac de Marine Oran afin d’y débarquer un bataillon de RANGERS U S chargé de l’envahir rapidement et la neutraliser.

Si l’on sait, que le port d’Oran assez resserré sur plus d’un kilomètre de long, ne manquait pas, comme tous d’obstacles sévères durcis, encore par le black-out, cela semble une gageure…Aussi, la pénétration facile et le cheminement nuital tranquille de ces deux étrangers jusque dans le bassin militaire situé tout au fond, m’a toujours laissé, ainsi qu’à beaucoup, l’esprit fort perplexe…

On peut parler d’exploit, d’audace inouïe et payante…Même du « mouchard » de l’aviation US repéré dans l’après-midi…Mais aussi et bien plus plausible, de parfaits enseignements et complicités portuaires de longue date, tant civiles que militaires.

Et puis, à l’appui des perplexités, j’ai scrupules à méconnaître le « savoir-faire » anglais qui, en plus des atouts cités, n’a pu jouer cette partie qu’avec l’atout majeur, soit : le pilote expérimenté et surtout familier des lieux ! ( Quel marin contredira ?). On fit état, longtemps après coup, de sentinelles égorgées. Un classique possible du « travail » Rangers ou Fusco…Mais où, comment ???

Détaché « Z » depuis l’arsenal de Toulon, seulement subsistant à Marine-Oran, je l’ai parcourue, sillonné le port, longé la jetée. J’ai vu, dans la grotte de la falaise où s’adosse Marine-Oran la vingtaine de marins rescapés du HARTLAND, trempés, souillés, brûlés, la plupart hagards…J’étais là, pendant les premiers interrogatoires « sur le vif » des pauvres types. Au matin, avec un camarade, j’ai convoyé plusieurs d’entre eux jusqu’à l’hôpital… Nulle part, même là, je n’ai vu ou entendu quoi que ce soit faisant état d’égorgement de sentinelles. Pas même d’échos les jours suivants ! Aussi, j’en doute fortement.

Quoi qu’il en soit, entre 1H 45 et 2 heures au matin de ce 8 Novembre 1942 deux bâtiments de la flotte anglaise ( WOLNAY, chargé, bourré d’un bataillon de soldats d’élites prêts à bondir sur les quais, suivi à toucher du HARTLAND portant état-major et matériel s’apprêtaient à conclure en accostant à l’emplacement même du contre-torpilleur EPERVIER qui, sur la foi des instructions et documents que leur commandant avait en mains, ne devait rentrer que le lendemain d’une mission de surveillance et documentation : une escadre étrangère croisait au large des côtes oranaises depuis une trentaine d’heures.

Pourtant, impromptu, l’EPERVIER revenu à son mouillage peu après la tombée de la nuit, racé, superbe, comme ironique, tel lorsqu’il se repose ce fier rapace dont il portait le nom…emplissait le quai et l’interdisait ! Stupeur du WOLNAY ! Indécision… Désarroi peut-être…Avec, dans les dernières secondes de vie du commandant, la pensée horrible du traquenard ! Dans le même temps, contre-manœuvre, recul, tentative de virage, bruyants brassements d’eau près du HARTLAND stoppé lui aussi… Et depuis les ponts des torpilleurs : TORNADE, THYPHON, TRAMONTANE, mouillés aux appontements tout proches, les projecteurs inondèrent les intrus de leur clarté.

Quelques secondes…Le temps, pour nos marins stupéfiés (mais tellement prêts !) d’identifier l’agresseur : l’anglais tant haï ! Et les premiers projectiles du déluge infernal qui fondit sur lui, ajustés à bout –portant (à peine 50 mètres), furent implacables. Percé en plusieurs « bons endroits » de la poupe à la proue, dans le rugissement d’explosions en chaînes presque simultanées, WOLNAY disparut dans un gigantesque geyser de flammes, une monstrueuse déflagration supprimant toute vie… Et sa coque vidée, chauffée à blanc, s’inclina avant de reposer sur le haut-fond du bassin dans les minutes qui suivirent. (2)

HARTLAND lui n’explosa pas, se maintenant en surface en dépit des projectiles de tous calibres qui le hachaient, n’était déjà plus qu’un brasier furieux où grondaient de sourdes déflagrations internes…

J’ai quitté « l’atelier Z », à l’angle de la jetée et du quai Ouest, dans le bruit infernal des tirs, des explosions, des clameurs, des ordres hurlés, des galopades…Projetés de ce côté par la désintégration du WOLNAY, le quai était jonché de débris matériels irreconnaissables et de restes humains innommables. Des tas, enchevêtrés, fumaient ! Des corps à la face noircie, harnachés en guerre, semblaient intacts, à côté de morceaux déchiquetés !… On écrasait de la viande…J’ai glissé sur un paquet de viscères !… Tout au bord du quai, comme si on les avait simplement posées là côte à côte, j’ai bousculé une paire de grosses chaussures qui m’ont paru bien lourdes… Les pieds étaient toujours à l’intérieur !

Le mot qui venait à l’esprit était : boucherie !

La surface de l’eau était couverte de corps par endroits. On en distinguait aussi flottant entre deux eaux, dévoilés par l’illumination du brûlot secoué de déflagrations qui était encore le HARTLAND peu avant… Les tirs, les rafales cessèrent assez rapidement, n’ayant plus rien à ajuster. Les cris, les ordres, les galopades s’estompèrent…Seuls des appels venant de l’eau, de droite et gauche et des hurlements angoissés, en face, de l’autre côté du bassin.

Des coups de revolver partaient de la jetée, non loin de moi. J’approchais : entouré de quelques hommes, un Enseigne de Vaisseau de Marine-Oran, que je connaissais bien pour avoir appartenu au tribunal militaire qui en Mars avait fait fusiller deux « Gaullistes » ayant tenté de rallier Gibraltar avec leur cargo « le Gabriel Guist Hau », faisait des « cartons » sur tout ce qui semblait bouger encore dans l’eau… Sidéré, révolté, je lui lançais la devise tant prisée de nos Officiers de Marine : « Marine oblige, Lieutenant ! » Sa réaction : furieuse « Quoi !… Vous dites ? … Vous voulez les rejoindre », et son « modèle 92 » braqué de mon côté m’avez fait, je l’avoue, détaler…

Le lendemain 9 Novembre, le Commandant de la Marine dans une absurdité criminelle baptisée : « Sauver l’honneur » envoya l’EPERVIER, les torpilleurs TRAMONTANE, TORNADE, TYPHON, l’aviso SURPRISE, les sous-marins ACTEON et ARGONAUTE, se faire massacrer et couler par les croiseurs anglais dès leur sortie du port au mépris total du matériel et des équipages tués… (3)

Le 10, alors qu’Alger avait cessé le feu son fanatisme vichyste bravant le fatigue due à tant de cadavres de jeunes marins qu’il venait d’enjamber, lui fit saborder 4 sous-marins, 7 patrouilleurs et dragueurs, 13 navires de commerce et 3 docks flottants !…Afin, en embouteillant le port de « sauver l’honneur » encore plus profondément… Quelques instants avant l’ordre de « cessez-le-feu ».

Je conçois l’incompréhension de la jeunesse férue d’histoire, après un tel témoignage. Aux questions : « Mais pourquoi ? Sur quelles raisons, quelles motivations ?… Alors qu’Américains et Britanniques venaient en alliés.

Aussi la réponse étant contenue dans « A BRAS LE CŒUR » (pages 149 – 150) de Roger BARBEROT (dernier commandant du fabuleux et légendaire 1er R F M ) (R.Laffont 1972), je vous la livre : « Comment des imbéciles de la trempe d’un amiral de LABORDE, d’un GENSOUL, ont pu, sans jamais que la supercherie soit dévoilée, arriver au sommet de la hiérarchie militaire. Par quel mystère ces ânes chargés de reliques ont-ils pu faire oublier qu’ils étaient des ânes ?

Comment a-t-on pu confier une Flotte, le sort de dizaines de milliers d’hommes et des centaines de milliards de matériels à de pareils imbéciles ?

A. J. RAGOT, Mai 2000 , ancien du 1er RFM et de la DFL (auteur de « Peau d’lapin )

(1) Marine-Oran : Flottille de S M type JUNON – Torpilleurs type TORNADE – Contre-T, type EPERVIER – Compagnie de garde, casernements et annexes – Ateliers réparation et entretien torpilles et grenades – Bureau militaire- Quelques divers, dont le service Z.
(2) Dépassant légèrement de l’eau, elle y fut visible plusieurs décennies.
(3) Seul, TYPHON, fort avarié, pu rentrer – L’équipage de l’EPERVIER (incarcéré ensuite), échoua son navire pour sauver les vies…

Vécu et écrit par André-Jean RAGOT, ANCIEN DU 1ER RFM,
_________________
Balisson Jean-Claude, matricule 8137 T 54, école des pupilles, école des mousses, école des fusiliers marins, stage commando, commando Jaubert 1956-1957, Alger 1958, détaché au 11 ème choc 1958-1959


Cordialement
Laurent

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