Bien que JUNGER ne soit pas Prussien (mais hanovrien), ce livre nous fait pénétrer dans l'inconscient d'un officier, héritier des plus anciennes traditions militaires prussiennes.
Courageux jusqu'à l'indécence, ce jeune étudiant à la recherche d'émotions fortes (il a fugué en 1913 pour s'engager à Verdun puis Marseille dans la Légion, il sera retrouvé à Sidi Bel Abes et renvoyé en Allemagne, étant mineur...) s'engage en 1914 comme des milliers de ses camarades et découvrira le front aux Eparges (Bazancourt).
Il combattra exclusivement sur le front ouest et passera officier, puis officier des troupes d'assaut (Sturmtruppen) en 1917.
Blessé de nombreuses fois, il décrit notamment ses pensées lors d'un assaut, d'un combat au corps à corps, d'un coup de main de nuit, d'une garde à la tranchée...
Par ce livre, JUNGER soignera son esprit malade de la guerre tout en reprenant des études (littérature et sciences naturelles). Il s'agit quasiment d'une psychanalyse par l'écrit (à la manière du Président Gruber ou d'Italo Svevo dans "la conscience de Zeno"...)
Francophone et francophile (il vivra de nombreuses années à Marseille), il sera à son corps défendant engagé par la Wehrmacht dans les forces du Gross Paris. Antinazi notoire, il ne sera pas inquiété du fait du respect que lui voue le Furher pour ses livres de guerre (Orages d'acier, le boqueteau 125...).
Il s'éteindra dans les années 90 étant le dernier récipiendaire vivant de la "Blau Max", la croix "pour le mérite", la plus haute distinction militaire allemande qu'il a reçu en 1918 (ce fut le plus jeune à la recevoir de toute la grande guerre).
l'avez-vous lu ?
Sinon courrez le chercher, car il y a tout ce qui fait un soldat allemand, le pire comme le meilleur... Et notamment ce mépris de la vie (la sienne comme celle des autres, civils, ennemis, subordonnés...), cet abandon à la mort permanente, recherchée et adorée, cet hermétisme à l'horreur...
Je n'ai jamais rien lu d'aussi poignant et impressionnant...
CM |