Je ne suis pas du côté de ceux qui déboulonnent les statuts… mais tout de même ! - Joffre l'âne qui commandait des lions - forum "Livres de guerre"
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Joffre l'âne qui commandait des lions / Roger Fraenkel

En réponse à
-1Joffre, un âne? de debrose

Je ne suis pas du côté de ceux qui déboulonnent les statuts… mais tout de même ! de Adrien Bélanger le jeudi 27 juillet 2006 à 20h45

Je ne suis pas du côté de ceux qui déboulonnent les statuts… mais tout de même !
Au-delà de quelques capacités (heureusement car Joffre était tout de même général en chef !), peut-on défendre ainsi un homme qui est responsable d’un réel massacre ? (Pour le simple citoyen que je suis, un chef est un responsable donc forcément un coupable ou un incompétent en cas de problème).
Les hommes de troupe étaient loin d’imaginer que les responsables des tueries et scandales qui accompagnent toujours les crimes plus ou moins prémédités étaient les politiques incompétents aidés par des meneurs. Ces derniers pouvaient être des maîtres en communication, par exemple des chefs d’églises, des penseurs laïques, etc. Mais étaient-ils les seuls responsables ? Les généraux étaient-ils à la hauteur de la tâche ? İl semblerait bien que non. L’incapacité et/ou l’aveuglement de beaucoup de militaires de haut rang et de leur grand chef, Joseph Joffre en particulier est maintenant connu (voir par exemple les livres écrits par Pierre Miquel…) alors même qu’il n’est toujours pas facile de critiquer négativement les actions de Joffre sans toucher de fait, à la « grande muette ».
Au début de la guerre, cinq armées françaises montaient au front avec une stratégie nommée bizarrement « défensive-offensive ». Les actions du « plan XVII » visaient à attaquer sur les fronts de Lorraine et d’Alsace afin de refouler l’Allemand au-delà du Rhin pour que la France retrouve ses frontières d’avant les funestes années 1870 - 1871. Joffre pensait réaliser ce tour de force dans un combat de courte durée en mettant en scène environ 1 300 000 soldats commandés par quelques 200 généraux (en août 1914, l’Armée française compte tout de même dans ses rangs environ 380 généraux, 1 400 lieutenants-colonels ou colonels et 200 médecins principaux [médecins de 1ère et 2e Classe])…
Comment ne pas être étonné de l’évidente méconnaissance de nos « stratèges » sur les forces adverses. Pourquoi ces « élites » ont-elles envoyé, sans aucun respect et avec une désinvolture totale, « l’homme-soldat » à la boucherie, lorsqu’on sait qu’en seulement six semaines les armées françaises ont été écrasées par des Allemands déterminés, bien préparés et hautement équipés en particulier d’une artillerie lourde de très loin supérieure à celle des Français (qui n’avait que le canon de type 75 de supérieur face au canon de 77 germanique… et les ennemis le savaient !). L’artillerie allemande rendait les attaques quasiment impossibles ; elle hachait les soldats avant que ces derniers puissent s’approcher de l’objectif fixé par le commandement. Nous pouvons alors penser que beaucoup d’officiers généraux n’avaient pas les compétences adéquates pour décider des telles actions et… Joffre en était le chef.
Les soldats français avançaient dans l’optimisme. İls marchaient insouciants et au passage, ils examinent les tranchées désertes où traînaient çà et là des casques à pointe (eux, ils n’auront des casques qu’en fin 1915 ! merci à nos stratèges et à son grand chef) Cependant, les Germaniques restaient toujours insaisissables…
Les hommes souriaient en regardant avec une certaine curiosité des mâts qu’ils pensaient bien inutiles sans se douter que c’étaient là des jalons qui serviraient au tir des artilleurs allemands, l’heure venue. Que l’homme de troupe ne se pose pas trop de questions et qu’elle accorde une confiance aveugle aux officiers, c’est compréhensible, mais que ces derniers ne flairent pas les pièges reste à ce jour une grande interrogation. Joffre ne savait-il pas cela ?
Le 22 août a été un jour terrible (il a d’ailleurs été la journée plus meurtrière de toute la guerre 1914 – 1918 et ceci n’est pas assez dit… Il vaut mieux parler des jours plus proches de l’armistice…), l’hécatombe est immense.
Joffre donne l’ordre de battre en retraite afin que les tristes restes de l’Armée française se replient vers la Seine afin d’essayer de sauver Paris… Nous sommes alors le 31 août 1914 !

Comment ne pas être incrédule face à ceux qui laissent à penser ou qui croient que la guerre n’est qu’une affaire d’honneur ? Si la guerre n’a pas son pareil dans l’art de combiner les sonorités et les rythmes, de provoquer des sensations fortes et des émotions, de susciter des écrits, elle manque considérablement de charme et de poésie. Même les grands auteurs meurent au champ de répugnance ! (Pour n’en nommer que deux très célèbres : Charles Péguy et Alain Fournier).

Sur le front, comment « l’ami bidasse » devait-il faire face à une artillerie allemande qui tirait de plus dix kilomètres pour casser les canons de campagne français lorsque que ces derniers osaient s’approcher ? Que faire d’une cavalerie qui ne savait plus où donner de la tête et dont hommes et chevaux étaient épuisés par des marches inutiles lorsqu’ils n’étaient pas mitraillés pour rien ? (Pour un Allemand qui fait face à une charge de cavalerie française, la cible privilégiée est le cheval car elle est évidemment plus grosse que celle du cavalier). Que faire d’une infanterie qui montait à l’assaut, « sabre au clair et baïonnette au canon » en tenue voyante (manteau bleu soutenu, pantalon rouge dit aussi « bleu-cerise » ou « garance » [teinture venant de la plante garance] car dans l’armée, le rouge n’est pas bien vu depuis la Commune), fringants képis (de la couleur du pantalon. Rappel : absence de casque) et « godillots » cloutés (grossières chaussures de marche) contre des défenses trop bien conçues pour que cela ne tourne pas au massacre ? (Défenses : abris et tranchées, en tous les cas, toujours mieux réalisés que les équivalentes françaises jusqu’à ce que la troupe en fasse des copies). Ces protections étaient pourvues de redoutables mitrailleuses bien servies par des « feldgrau » (soldats habillés de la couleur des champs ou gris-vert [vert-de-gris]) dûment formés et bien camouflés pour protéger au mieux les obusiers de tranchées dont les obus bien ajustés écrasent sans pitié ces Français vraiment trop téméraires. Enfin, que faire à part sacrifier ainsi des milliers d’hommes pour retarder la pénétration ennemie en sachant que l’hécatombe était sûrement le prix à payer pour sauver la patrie ? Mais le soldat de base était-il dans ce cas là vraiment considéré comme un homme ? Un homme parmi ces hommes venus, en grande majorité, de la France profonde avaient-ils de la valeur pour les donneurs d’ordres ? (Le pourcentage de morts par nombre d’habitants est autrement plus élevé dans celui de la France rurale que dans celle des citadins. Nous pouvons penser que ceci a été prémédité par le pouvoir en place qui sans cela, aurait eu à faire face à des manifestations d’opposition ou des révoltes… et les donneurs d’ordres me semblent maintenant bien différents d’un futur général Leclerc, immense stratège, fin politique, économe de ses hommes, dur mais respecté, voir adulé !).
Et je ne parle pas ici des retard en armes (mitrailleuses, mortiers « grapouillots », etc.) et des tribunaux d’exception demandés par Joffre (ou plutôt imposés au gouvernement) où bon nombre d’innocents perdront la vie et leur famille… l’honneur !
Tout homme a du bon et du mauvais et Joffre n’était qu’un homme... et il n’aura pas eu à ce plaindre de la France et…des Français qui n’ont pas voulu ou pas pu élucider ses manques… alors, qu’il soit un peu égratigné est rien vis-à-vis des vies perdues si jeunes !
Je rappelle que je ne suis pas du côté de ceux qui déboulonnent les statuts mais de là à tout vouloir excuser…
Très cordialement.
Adrien Bélanger

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