Bonsoir,
Le docu diffusé ce dimance dans les "Repères de l'Histoire" sur France 5 proposait le récit du voyage qui compromit quelques uns des bons écrivains français. (dans le cas de Jouhandeau et de Chardonne, on peut même parler de grands stylistes)
A la fin du débat, Pascal Ory répondant à la question " Un auteur a-t-il le droit de TOUT écrire ?" - ce qui tendrait à affirmer que la littérature est absolument libre - a répondu que lorsque l'on met par écrit des choses terribles et ignobles, il faut s'attendre à recevoir en retour des balles de plomb ! Et de réaffirmer qu'il n'aurait pas signé la demande de grâce initiée par François Mauriac.
On a également pu se rendre compte, comme le soulignait Michel Winock dans le film, que c'est la vanité chez ces écrivains (et quelques promesses de tirages importants et de traductions allemandes) qui a poussé Jouhandeau, Chardonne, Fraigneau et les autres à jouer le jeu de Goebbels. Cornaqués par le redoutable Heller, attaché à la Propagandastaffel et agent de liaison auprès des intellectuels français, ils ont contribué à cette collaboration culturelle dont Abetz avait été chargé par Hitler. Usant des interdictions et de la séduction, le lieutenant Heller fut, hélas, réellement efficace et parvint à se faire accepter par les cercles et dans les salons de la capitale où il posait au défenseur amoureux de la littérature française, n'hésitant pas à utiliser le registre anti-hitlérien, alors que l'on sait qu'il ne remit pas en question les fondements de la politique de son maître. On (re)découvre aussi, et c'est peut-être le plus navrant, le fond antisémite de tous ces auteurs, ce racisme que les nazis ont su réactiver sans avoir besoin de les forcer.
Un document utile afin de poursuivre la réflexion sur le rôle et la responsabilité de l'écrivain sous l'Occupation.
Amicalement,
René Claude |