Quand j'écris que "cette thèse à cheval entre histoire et sociologie [...] déroute le lecteur", je pense surtout au lectorat habitué aux essais, études et récits historiens. Si le métalangage sociologique a cours dans les amphis et salles de séminaires des facultés, je doute que son emploi tel quel pour une publication destinée à un public plus large (l'essai est édité par La Découverte) puisse le convaincre.
En revanche, le récit détaillé des actions violentes de type para-militaire préparées et menées sur le terrain par Jean Cavaillès et Jean Gosset au sein du réseau "Action" de "Cohors", devenu indépendant de "Libération-Nord" en juillet 1943, est utile à ceux qui s'intéressent à la vie et à l'action du philosophe-résistant.
Auparavant, Jean Cavaillès, de retour de Londres, avait été parachuté le 15 avril 1943 pour accomplir avec la bénédiction du BCRA des actions directes telles que des sabotages mais aussi du travail de renseignement militaire et de la propagande. Au BCRA, Brossolette et Cavaillès étaient sur la même longueur d'onde : les deux intellectuels refusaient le retour au sein des instances dirigeantes de la Résistance intérieure des anciens partis de la IIIe République. C'est d'ailleurs bien en raison de ce que Cavaillès percevait comme de l'inaction chez les chefs politiques de Libération-Nord que lui et Gosset ont repris leur autonomie à l'été 43. (Un projet visant à faire sauter les installations pour sous-marins à Lorient fut abandonné par le BCRA.) Les équipes de Cavaillès et Gosset ont fait sauter deux centrales électriques et ont coupé des lignes qui alimentaient la base de Lorient. On sait que ce sont des actions de ce genre qui coûtèrent la vie aux deux chefs de "Cohors".
Concernant les derniers mois de la vie de Jean Cavaillès, le livre de Fabienne Federini n'apporte pas de nouveaux éléments. Le flou et le mystère demeurent...
RC |