Un récit assez précis (et personnel) du départ de de Lattre en avion:
*** Louis Roestch a conduit Jean et Bernard de Lattre à Compains, près de Besse-en-Chandesse, alors qu'on les croit partis vers Lyon, Montpellier, ou même la frontière espagnole. Le général et son fils ont été munis de faux papiers. Ils ont pris les identités de deux braves, tués au combat du pont de Nevers. Le père est devenu Charles Dequesne, instituteur libre, et le fils, Robert Laurent, étudiant. Après quelques jours passes dans la ferme de M. Pezaire, Louis Roestch les emmène en camionnette dans une autre ferme isolée en pleine montagne. Là, pour se rendre méconnaissable, le général laisse pousser sa barbe. Il correspond avec le B.C.R.A. (Service Secret du Gouvernement de la France Libre) par l'intermédiaire de postes de radio clandestins. Les détails de son départ pour l'Angleterre sont fixés. Le 15 octobre, il va, en plein jour, prendre le train à Clermont-Ferrand, dans la ville où il est entré à la tête de sa 14e D.I. après l'armistice et où il a commandé pendant plusieurs mois. Personne ne peut soupçonner que l'homme barbu coiffé d'une casquette de paysan et vêtu de velours côtelé marron qui prend un billet de 3e classe pour Mâcon est le brillant général que la police et les agents secrets ennemis recherchent encore.
Dans la nuit du 16 au 17 octobre, il est au rendez-vous dans une large prairie, près de la Saône. Quatre petites lumières délimitent le terrain. Un gros avion Hudson se pose au milieu de l'aire et quatre ombres en sortent pour se perdre presque aussitôt dans l'obscurité. Alors d'autres ombres surgissent et montent en hâte dans l'appareil, l'ancien avion personnel du roi d'Angleterre. Quatre minutes exactement après son atterrissage, l'engin décolle. Piloté par le squadron-leader Verity, assisté du colonel français Livry-Level, faisant fonctions de navigateur, l'avion se pose, sans incident, à Tangmere, près de Portsmouth, à la pointe de l'aube. Il dépose avec le général de Lattre de Tassigny, le futur ministre Claudius Petit et cinq autres évadés.
Le même jour, le général est reçu, à Londres, par les autorités anglaises et par le général américain Devers qui commandera plus tard le groupe d'armées comprenant la Ire Armée française. Cette rencontre sera sans doute à l'origine de l'entente qui régnera entre ces deux grands chefs. Le soir, au cours de l'émission Les Français parlent aux Français, on annoncera que Chat-huant (le général) est bien arrivé et qu'il embrasse Moineau (Mme de Lattre) et Pinson (Bernard).***
Intégralité du texte ici:
Vous le lirez... L'histoire du "roi Jean" commence en 1350 ! La casquette de paysan et le pantalon de velours cotelé devaient être pour lui un vrai supplice!
Frédérique |