"Seconde frontière, celle des Pays Bas. Celle là sans douanier, même sans chaîne, sans fonctionnaire, sans barrière...Par xemple, les rares soldats hollandais que nous croisons (uniformes bleu vert, c'est ennuyeux, ils ressembleront beaucoup aux Allemands) nous déconcertent. La plupart sont juchés sur des bicyclettes à haut guidon qui leur donnent un air débonnaire de respectabilité bourgeoise.
Et leur geste de courtoise bienveillance, ce salut de la main, qui s'abaisse au lieu de monter à la visière, et qui semble signifier: Alors, vous venez à la guerre? Bonne chance, braves soldats français."
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Détail: nous avons, depuis le départ, gaillardement absorbé nos deux jours de vivres. Et déjà ceux d'entre nous qui manquent de provisions personnelles vivent sur celles de leurs copains....................
Heureusement, dans un village, une épicière, large comme une tour, brave femme, nous apporte dans ses bras un gigantesque fromage rouge dans lequel nous allons tailler, seule ressource, tous les jours qui suivent. Pour l'essence, notre camion transporteur est fidèle au poste. Préoccupés de cette réserve qui, nous le sentons organiquement, nous est plus nécessaire que l'eau, nous faisons le plein, à chaque occasion, aux pompes situées sur notre parcours, et où, d'ailleurs, le chef paie, chaque fois, rubis sur l'ongle, avec des florins hollandais qu'il s'est procuré à la banque.
Pas vraiment le portrait de bandes avinées et débraillées, cette armée française entrant en Hollande. |