Ces incidents navrants causés par un Connétable irrité - et ici macho ! - se sont reproduits dans plusieurs villes durant les semaines et les mois qui ont suivi la libération du pays. Les soutiers de la Résistance (int et ext.) en furent les victimes. On est loin des bains de foule de la Ve République quand de Gaulle embrassait littéralement les masses sur son parcours. A l'automne 44, il lui fallait casser l'esprit de Résistance trop présent politiquement...
On peut mentionner l'affront d'une profonde injustice infligé aux maquisards et à leurs chefs rassemblés à Toulouse par Serge Ravanel, colonel FFI responsable militaire du sud-ouest (*), au cours du défilé pour la libération de la ville. De Gaulle fut odieux de mépris au point que l'ancien chef FFI pour le sud-ouest en reparle encore régulièrement. (Dans le docu consacré à de Gaulle par Labib et Lacouture, entre autres.)
Selon Ravanel, de Gaulle ne fit preuve d'aucune curiosité pour la Résistance, n'interrogeant aucun de ses membres. Il s'intéressait surtout à rencontrer les "notables" locaux, même s'ils n'avaient pas été résistants. Pourquoi se comportait-il ainsi ? Je pense qu'en débarquant dans cette métropole dont il avait été absent depuis le 17 juin 1940, il avait comme souci primordial d'être reconnu et accepté comme chef de l'Etat par l'ensemble de la population. (...) Il savait aussi que la Résistance intérieure s'était acquis un immense prestige.(...) Elle donnait l'image d'un "homme nouveau" forgé par la lutte patriotique.
Dans Les valeurs de la Résistance, entretiens avec Serge Ravanel par Henri Weill. (éd. Privat.)
RC
(*) Le commissaire de la République était Jean Cassou. |