Comme le soulignera Michelet dans une remarquable étude sur " Les revanchards de l'Armée d'Afrique " publiée en 1998, le drame de la France libre tient dans cette courte phrase. Churchill attendait de de Gaulle une aide dans sa lutte armée contre les Allemands et les Italiens. Mais jusqu'à la fusion des forces françaises libres avec le reste des forces françaises en août 1943 , de Gaulle ne pourra jamais rassembler plus de 15.000 hommes, fussent-ils des plus valeureux, sur un quelconque théâtre d'opération.
Alors que les accords Darlan-Clark de novembre 1942 permettront de mobiliser en quelques semaines en Afrique française au service de la cause alliée plus de 750.000 hommes dont 400.000 pour le seul Corps expéditionnaire français d'Italie.
Encore une pathétique inversion des valeurs. Ca n'est évidement pas le drame de ceux qui ont formé la France Libre mais plutôt le drame de ceux qui ne l'ont pas rejointe. Ou plutôt qui ne l'ont rejointe qu'à partir de l'arrivée des Américains, soulagés ou contraints, trainant des pieds ou libérés (comme Juin par exemple), refusant encore aujourd'hui de voir les choses en face, mais finalement passant sous l'autorité de De Gaulle et donc de la République.
Mais pour l'Iris, le drame est encore plus grand.
Cette guerre donne à chacun sa pénitence. Pour nous ici, enchaînés à quatre au fond du port, c'est de continuer à briquer les cuivres, entretenir les batteries, démonter et remonter les diesels, rôder les soupapes ou graisser les panneaux d'un sous-marin sans hélices, pendant que les petits camarades se font tuer, en bavent et se couvrent de gloire près d'ici entre Alger, Oran, Gibraltar, Ajaccio, la Provence et la côte italienne. (Juillet 43)
Hé oui, s'il avait ajouté l'Erythrée, la Syrie, Bir Hakeim, il aurait compris son propre raisonnement.
Amicalement
Jacques |