Bonsoir,
Le livre d'Arnaud Gillet a été honoré comme "La sélection du mois" dans la rubrique "Lu pour vous" de la revue "Histoire de Guerre", n° 66 de février 2006.
La critique est signée JRG c'est-à-dire Jean-Robert Gorce, rédacteur en chef, qui ne nous en voudra pas de reproduire son texte :
*** Dans ce troisième tome de son remarquable ouvrage consacré aux victoires de la chasse française en 1940, Arnaud Gillet aborde la dernière phase de la campagne, allant du 5 au 24 juin 1940, période communément nommée « bataille de France ». Fruits de plusieurs années de recherches en France et en Allemagne, cette étude utilise une minutieuse méthode qui consiste à recouper jour par jour, heure par heure, les victoires réclamées par l'armée de l'air aux pertes enregistrées par la Luftwaffe. Et le résultat est stupéfiant: des « 1.000 victoires de la chasse française » que beaucoup ont tenues pour acquises durant près de 60 ans, il n'en reste qu'un peu plus de 300. Mais ce que révèle aussi Arnaud Gillet, c'est le mensonge d'Etat, installé dès la fin des opérations par le général Bernard d'Harcourt, inspecteur général de l'aviation de chasse. En effet, ce dernier, dans son bulletin d'information n° 9 du 20 juillet 1940, relatif à l'activité de l'aviation de chasse française entre septembre 1939 et juin 1940, avance le chiffre de 919 avions ennemis abattus, obtenu par l'addition des victoires « probables » et des victoires « sûres ». En réalité, ce chiffre est le total des demandes d'homologation envoyées par les groupes, puis les groupements et enfin les zones d'opérations aériennes. Or, 590 de ces propositions seront rejetées et seulement 329 victoires seront homologuées. . . nous ne sommes alors pas très loin du chiffre trouvé par Arnaud Gillet 65 ans plus tard! Le général d'Harcourt connaissait le chiffre réel des homologations et c'est donc sur son initiative que seul le total des demandes d'homologations a été diffusé, sans mentionner que plus des deux tiers n'avaient pas été acceptées. Cette estimation perdurera très longtemps après la fin de la guerre, pour n'être véritablement contestée que vers la fin des années quatre-vingt-dix, par des chercheurs qui, en consultant les pertes déclarées par la Luftwaffe commencèrent à affirmer que les chiffres communément admis étaient erronés, sans toutefois faire état d'une manipulation. Le mérite d'Arnaud Gillet est donc double: donner un chiffre sérieux, fiable et, semble-t-il définitif, et d'avoir levé ce lièvre du complot d'État de Vichy sur les victoires de la chasse française en 1939-1940. Un ouvrage qui fera date, à n'en pas douter. ***
Bien cordialement,
Francis. |