Bonjour / Bonsoir,
Ce qui est passionnant dans cette "affaire de Caluire", c'est qu'elle révèle les profondes divergences politiques au sein des MUR, mais également entre les chefs de la Résistance intérieure et les Français de Londres, puis entre les chefs intérieurs, les gaullistes et les giraudistes à Alger. Les liens financiers et politiques entre ces responsables et des puissances tutélaires (l'administration Roosevelt, l'URSS et le PCF, les services anglais, etc.) apparaissent aussi à la lecture des rapports d'historiens. La trahison de Jean Moulin et son élimination peuvent être abordées dans la perspective de l'après-guerre. Il y avait ce pouvoir à conquérir, à reprendre ou à modifier en profondeur, selon les sensibilités idéologiques des uns et des autres. Chaque tendance des combattants clandestins, par les sacrifices consentis, s'estimait habilitée à le revendiquer A l'été 43, les principales forces politiques en concurrence sont, si j'ose dire, dans les starting blocks.
Découvrir le ou les noms de celui ou de ceux qui ont instrumentalisé René Hardy n'est pas primordial. En revanche, il serait intéressant de comprendre les raisons de l'absence de Jean Moulin dans la mémoire de la Résistance durant près de 20 ans avant la mise en scène du transfert de ses cendres supposées au Panthéon. Un accès total aux archives permettrait peut-être de découvrir ce qui poussa des ministres issus des rangs de la Résistance, sous la IV et la Ve République, à freiner voire à interdire l'accès de certains cartons sensibles aux chercheurs - historiens et biographes - et aux familles de certains disparus emblématiques tels Berty Albrecht, Jean Moulin ou Jean Cavaillès.
A lire les réactions suite à la projection du téléfilm sur TF1, je me dis que le champ est encore très très chaud et que les chercheurs risquent d'avoir de la peine à convaincre le politiques du bien-fondé de leurs travaux...
Amicalement,
René Claude |