Bonjour,
"Raison d'Etat", "Secret Défense", et "Protection de la vie privée", voilà des désignations qui sont toujours utilisées pour refuser aux chercheurs l'accès à des archives sensibles. 6o ans après les événements et pour éviter de nouveaux et nauséeux rebonds dans "l'affaire de Caluire", les parlementaires devraient reconsidérer les projets de loi inaboutis sur l'ouverture des archives. Des secrets si terribles dorment-ils dans ces cartons pour que le pouvoir politique réchigne encore à en faciliter l'accès aux historiens ? La diffusion à quelques mois d'intervalle de deux téléfilms ont à nouveau relancé le débat sur "responsabilité/culpabilité" dans la rafle de Barbie à Caluire. Dans les deux cas, les scénaristes ont pris des libertés avec l'histoire et, dans le cas de "Jean Moulin, une affaire française" (TF1), ont transgressé l'indispensable réserve qui devrait accompagner un projet basé sur des personnages ayant existé. Comme Jacques Baumel et Daniel Cordier l'ont réaffirmé, dans la chute de Jean Moulin, selon toutes probabilités, le coupable est René Hardy et le responsable (indirect) Pierre de Bénouville qui a envoyé à la réunion un cadre de "Combat" qu'il savait au minimum "marqué" par la Gestapo. Dans le téléfilm de TF1, Pierre de Bénouville est présenté de telle manière qu'il ne peut être perçu par le grand public que comme l'initiateur de la trahison de Hardy, ce qui est bien sûr indadmissible.
Afin d'éviter d'autres dérives, il va bien falloir que la proposition de Jacques Baumel soit prise au sérieux. Pour que son projet aboutisse à un compte-rendu le plus complet possible des événements du 21 juin 43, celles et ceux qui auront pour mission d'établir la vérité devront pouvoir lire tout ce qu'ils estiment utile à leur étude.
Pour cela, une décision politique me semble nécessaire.
Amicalement,
René Claude |