Bonsoir
Quelques informations sur un épisode méconnu de l'histoire de la France Libre, même si je ne pense pas apprendre grand chose à Jacques (mais sait-on jamais !).
Opération Glamour
Le 11 septembre 1941 était créé au Liban le 11e bataillon de marche (ou BM XI) des FFL. Il est alors commandé par le capitaine Xavier Langlois. Il arrive en Libye en avril 1942 et est placé sous le commandement provisoire du chef de bataillon Georges Bavière. Sa mission est d’aller occuper l’oasis de Djaraboub, un poste avancé situé au sud de Bir Hakeim. Le Groupement Bavière, outre le BM XI précédemment cité, comprend également la 23e Compagnie nord-africaine, une batterie d’artillerie, une section du génie ainsi que des éléments du groupe sanitaire et du groupe de réparations divisionnaire. Enfin s’y ajoutent des soldats britanniques, notamment un escadron indien d’automitrailleuses. L’unité mène des patrouilles autour de l’oasis, en particulier vers le nord et l’ouest.
Le 24 mai les Français Libres reçoivent l’ordre de déclencher l’opération Glamour. Il s’agit de mener une opération de diversion afin de détourner une partie de l’offensive germano-italienne. Le but est de se diriger vers l’oasis de Djalo, situé à 300 km à l’ouest de Djaraboub et tenu par les forces de l’Axe. Afin d’inquiéter ces dernières, il faut leur faire croire qu’une brigade motorisée est en route vers l’ouest. Les FFL reçoivent ainsi des leurres à savoir de faux camions. C’est en fait de la toile de sac camouflée que l’on tendait sur des piquets fichés dans le sable. Ainsi mélangés à de vrais véhicules, ces faux camions donnaient l’illusion de l’existence d’une puissante unité. Le Groupement Bavière se déplaçait tôt le matin puis s’arrêtait et se déployait dans le désert. Des reconnaissances aériennes auraient ainsi cru repérer une vraie brigade. Pourtant cette opération de diversion ne fonctionne pas. En effet l’unité est repérée par seulement deux avions italiens, à un moment où elle est en déplacement et où donc les faux camions sont rangés. Les Français Libres regagnent alors Djaraboub sans avoir réussi à tromper l’ennemi. En cours de route ils apprennent avec consternation l’évacuation de Bir Hakeim.
Une fois revenus à leur base de départ (après un raid de plus de 15 jours), ces hommes reçoivent un nouvel ordre à savoir se replier sur le delta du Nil. Mais celui-ci est loin (à plus de 800 km) de plus les forces de l’Axe sont déjà à 80 km d’Alexandrie. En conséquence le Groupement Bavière n’a qu’une seule solution : traverser la dépression de Qattara réputée infranchissable. Celle-ci est une ancienne mer intérieure longue de 150 km et dont le fond est à 147 mètres en-dessous du niveau de la mer. Surtout, le sol est constitué par de la boue et du sable mouvant recouverts d’une fragile couche de sel. Après avoir quitté Djaraboub le 26 juin, le convoi composé de 250 véhicules* chargés à bloc fait une halte à l’oasis de Siwa le 29. Ce village est alors épargné par la guerre qui fait pourtant rage. Puis le 30 au soir les soldats commencent la descente vers la dépression. La traversée dure toute la journée du 1er juillet. La colonne se déplace à vitesse réduite sur un sol en mauvais état, heureusement un camion muni d’un treuil aide les véhicules en difficulté. De plus l’ennemi est absent et ne mène aucune mission de reconnaissance. Finalement la dépression est franchie et le 2 le Groupement Bavière peut repartir en direction du Caire. La capitale de l’Egypte est atteinte le 5 juillet. Durant cette traversée du désert seuls quatre véhicules très fatigués furent perdus. A la suite de cette arrivée inattendue, l’Etat-major britannique décida de modifier et renforcer les plans de défense du Caire. Les FFL étaient revenus à temps pour fêter le 14 juillet avec leurs camarades de Bir Hakeim.
* des Brenn-carriers et divers types de camions
Source : Revue de la France Libre n°272 (3e trimestre 1992), article de M. Henri-Christian Frizza, ancien du BM XI.
Une carte pour mieux situer les événements:
Cordialement
Igor