Bonsoir Ralph, bonsoir à tou(te)s
Vous situez la suspension d'armes pour les troupes de la garnison d'Alger à 18h 40. Je vous crois volontiers ! Selon Coutau-Bégarie et Huan, la suspension d'armes serait intervenue à 17h 20 et signée par Juin, Murphy et Pendar.... en l'absence de Darlan. Cette précision n'a pas grande importance.
En fait, Américains et Français se réunissent vers 22h 15 pour mettre au point les modalités d'une cessation des combats.
- Seule la demande d'ouverture du port d'Alger est accordée aux Américains.
- A la demande d'une suspension des opérations sur l'ensemble de l'Algérie, Darlan ne peut répondre, dit-il, sans l'accord de Pétain.
- Après la réunion, Darlan adresse à Pétain, le compte rendu suivant :
*** Primo. Avec mon autorisation général Juin a passé pour la seule place d'Alger une suspension d'armes avec le général américain Ryder. Les troupes seront consignées dans leurs quartiers et garderont leurs armes, les autorités civiles reprendront en main pouvoir de police.
Secundo. Je dois rencontrer général américain qui désire traiter 10 heures locales et ensuite suspension armes pour l'Algérie et la Tunisie. Général Ryder a déclaré que les administrations civiles resteraient en place et a affirmé qu'elles agiraient spécifiquement pour gouvernement français.
Tertio. J'ai demandé alors qu'il s'agirait bien du gouvernement du Maréchal. Il me sera répondu demain par général Clark.
Quarto. Dès que je connaîtrai exactement propositions faites, vous ferai connaître et attendrai vos instructions. *** [1]
Notons que pendant ce temps les combats se poursuivent; à Vichy, le général Bridoux et l'amiral Platon s'étonnent que Darlan n'ait pas donné l'ordre d'attaquer les terrains d'où opèrent les avions américains; à Sétif, deux officiers de la Luftwaffe arrivent le matin du 8 novembre pour assurer la coordination des opérations de la Luftwaffe avec les autorités françaises; ils repartent pour Tunis après avoir appris qu'Alger était occupée par les Américains.
Notons aussi que, ce même matin, les premiers avions allemands commencent à atterrir à El-Aouina près de Tunis.
Notons encore qu'à 15h 15, Darlan câble à l'amiral Derrien qui commande à Bizerte :
*** Les Américains ayant envahi l'Afrique les premiers sont nos adversaires et nous devons les combattre seuls ou assistés. *** [2]
Revenons à la réponse de Pétain au message de Darlan:
8h 15 (heure de Paris), 7h 15 (heure d'Alger)
*** Le chef du gouvernement étant actuellement absent, aucune négociation ne saurait être envisagée avant son retour. Tous les ordres donnés restent de vigueur. Accusez réception. *** [3]
Le chef du gouvernement, Laval, est en route pour Berchtesgaden, le repaire d'Hitler. Les ordres donnés sont de résister à toute agression.
La réponse de Darlan :
10h. 49 (heure d'Alger) *** Bien reçu votre 58567.
Primo. Mon intention n'est pas de négocier, mais écouter et rendre compte.
Secundo. Exception faite cependant pour cas particulier ville Alger. *** [4]
Nous en resterons là (provisoirement?) car pour compliquer encore un peu plus l'imbroglio, Giraud retardé à Gibraltar où il pinaillait sur la couleur du sous-marin et de son capitaine anglais qu'il fallut travestir en yankee bon teint, débarque à Alger en tambours et trompettes... heu... croyait-il.
Bien cordialement,
Francis.
[1] Télégramme 53064 de COMAR Alger
[2] Télégramme sans n° d'Alger
[3] Télégramme 58567 d'AF
[4] Télégramme 53074 de COMAR Alger. |