Bonjour Cyril, bonjour à tou(te)s,

L'anecdote est postérieure à 1870 et se situe en août 1940.
Alors que la défaite est consommée, plusieurs centaines de milliers de soldats belges, réservistes des CRI (*), jeunes des CRAB (*), repliés en zone non occupée, ne songent qu'à rentrer au pays natal. Le passage de la ligne de démarcation est cependant un obstacle majeur. Tout Belge vêtu d'un uniforme militaire est arrêté comme prisonnier de guerre et envoyé en captivité en Allemagne. Par contre, les Belges en tenue civile et se réclamant du statut de civil conservait leur liberté et recevait même un billet de chemin fer pour Bruxelles.
Confronté à ce dilemme, le gouvernement belge, replié en zone sud, ne manqua pas d'imagination. Pour venir en aide aux recrues, on les incita à "déserter". Dans cette optique, on installa tout au long de la ligne de démarcation des points de rassemblement pudiquement appelés "Poste de secours". Chacun de ces postes était placé sous la responsabilité d'officiers de l'Ecole Royale Militaire et avait été approvisionné en vêtements civils, vélos, etc... et de quoi fournir un viatique aux plus démunis. Les Allemands n'étaient pas toujours dupes de ce manège. Pour parer à cette situation, quelques officiers futés se sont alors constitués une ample cargaison de bouteilles de vin... pour étancher leur soif mais surtout pour amadouer leurs "collègues" allemands d'en face.
Ainsi, sur un point de passage de la Saône, Belges et Allemands conclurent un "gentleman agreement". Deux officiers, un Belge et un Allemand, s'affrontaient aux échecs. Si la victoire était belge, 100 "déserteurs" recevaient, au frais des Allemands, 4 jours de vivre et un billet de chemin de fer pour Bruxelles... . Par contre, en cas de victoire allemande, le budget du "Poste de secours" belge était mis à contribution. Les Belges fournissaient à ceux d'en face de quoi s'offrir une nuit d'orgie.

Bien cordialement,
Francis.

(*) Clic sur la petite loupe à décryper afin de connaître la signification de ces abréviations.