En poursuivant l’étude du document du Service historique de l’Armée établi en 1967 précédemment cité, donnant des précisions sur la valeur de certaines unités, Il est possible de mesurer l’état d’impréparation de nos formations de chars qui auraient pu être susceptibles de s’opposer à la pénétration de leurs homologues allemands.

1ère Division cuirassée de réserve

Commentaire : Léger déficit en hommes de troupe, en motos et en caissons d'artillerie (50%), tracteurs de la BDAC( Brigade divisionnaire antichars) en mauvais état.

2e Division Cuirassée de Réserve (2e DCR)

Commentaire : En formation jusqu'au 13 mai.

3e Division Cuirassée de Réserve (3e DCR)

Commentaire : Unités non soudées, EM divisionnaire non rodé, 42e BCC à deux compagnies seulement, pas de BDAC ( antichars ), pas de compagnie du Génie, pas de tracteurs de ravitaillement ou de dépannage, déficit de 50% pour les véhicules de combat de l'infanterie, très large déficit de matériel radio.

4e Division Cuirassée de Réserve (4e DCR)

Elle n’a pas achevé sa formation le 10 mai. Elle se constitue en catastrophe en commençant le 17 mai par la bataille de Moncornet. Le 47ème bataillon de chars B… n’arrive que le 21. Les Hotchkiss du 3ème Cuirassiers seulement le 25.

La formation et l'équipement de cette grosse unité destinée à recevoir la mission d’arrêter les Panzers sont insuffisantes, voir :


Par exemple ;
…le 3 ème Cuirassier n’a aucun moyen de dépannage ni de ravitaillement en essence.
Des canons de 25mm (antichars) dont le frein est mal réglé sont inutilisables.
Des soldats n’ont pas de casque.
Sauf exception, les officiers et sous-officiers venaient de formations montées et pénétraient dans un char pour la première fois.
Les pourvoyeurs de l’artillerie prendront des seaux dans les maisons environnantes pour transporter les munitions …

1ère Division légère mécanique

« Personnel et matériel complet, unités bien entraînées. »

2ème Division légère mécanique

Matériel complet et moderne, unités bien entraînées.

3e Division Légère Mécanique (3e DLM)

Matériel récent et complet, entraînement limité.

4ème Division légère mécanique (4ème DLM)

Elle n’existe pas. Elle aurait dû être crée le 1er juillet 40…

Commentaires :
Ce que nous déduisons de ces appréciations du SHAT, c’est le retard pris par le haut-commandement pour mettre sur pied les unités de ces chars d’assaut en mesure d’affronter les Panzers alors qu’il y avait eu un répit inespéré avec « la drôle de guerre » qui a duré 9 mois à partir de septembre 1939.

Il y a aussi globalement le déficit en canons antichars et en moyens logistiques de dépannage et de ravitaillement en carburant et en munitions.

Finalement il n’y eut que les 3 DLM et une DCR qui possédaient le matériel et l’entraînement suffisants. Ce qui n’a pas empêché que dans les autres unités, beaucoup de combattants soient allés au suprême sacrifice comme ce fut le cas à la 4ème DCR.

NB. À propos de ma communication précédente, pour dénombrer les chars légers d’infanterie, en recomptant mes bûchettes, je me suis aperçu que j’avais oublié 4 bataillons de R 35 et 3 bataillons de Ft 17.
D’où au total sur l’ensemble du front du Nord-Est : 990 chars R 35 au lieu de 810 et 441 Ft17 au lieu 252.