Question posée ; est-il vrai que nos blindés étaient dispersés dans les différentes grosses unités sur le front du Nord-Est alors qu’il aurait fallu les regrouper en une grande unité cuirassée unique ?

J’ai donc pris un crayon et une feuille blanche et j’ai compté dans l’organigramme de l’Armée française en mai 40 sur le front du Nord-Est, fourni par le service historique de l’Armée, tous les blindés qui n’appartenaient pas aux Divisions blindées de combat aptes à des batailles de chars ( Divisions légères mécaniques et Divisions cuirassées de réserve ).



À l’échelon des 1ère, 2ème, 3ème, 4ème, 5ème,7ème, 9ème Armées du front du Nord-Est, à la disposition des commandants d’Armée, il y avait des groupements de chars composés de « Bataillons dits de chars de combat » :

-18 bataillons armés de chars Renault R 35 comprenant chacun 45 blindés. Total = 810 ( À noter que par erreur dans ma contribution précédente, j’ai dit H 35 au lieu de R 35)
Rappelons que dans notre décompte des chars fabriqués au 1er mars 40, nous avions trouvé 1340 R 35, mais il en fut exporté un certain nombre et il y avait les autres fronts.
-4 bataillons de 63 Ft 17 de 1918 soit 252

-2 bataillons de FCM 36 de 45 blindés soit 90. Nous en avions compté 100 de produits au 1er mars 40.

-1 bataillon de D2 de 45 unités (73 sortis des usines jusqu’en mars 1940).

Il n'y avait donc, hors de nos divisions cuirassées, dans les différentes unités d'infanterie motorisée ou autre, aucun blindé de la classe des Somua ou Hotchkiss, c'est à dire aucun engin blindé susceptible d’être endivisionné dans une de nos divisions cuirassées aptes à une Bataille de char. Les Renault 35 ne pouvaient être que des blindés destinés à accompagner l’infanterie : Voir :

Quant aux F17, il est stupéfiant que cet engin qui se déplaçait à 7,5 km à l’heure puisse encore figurer à l’effectif en si grand nombre, 22 ans après la guerre de 14/18 où il avait été conçu.

Enfin je fais remarquer qu'il est nécessaire de faire un abattement du nombre de chars sortis de nos usines pour avoir une évaluation du nombre de ceux qui ont été livrés au feu en mai 1940. En l'estimant comme je l'avais fait précédemment à 10 ou 15%, je ne me trompais pas de beaucoup.

Or trop d'historiens et de politiques évaluent notre potentiel au nombre produit par nos usines qui est bien plus important que celui de nos blindés qui se trouvaient sur la ligne de front opposée aux Allemands le 10 mai 1940.

Il avait été reproché au grand État-major d’avoir dispersé ses blindés sur toute l’étendue du front du Nord-Est au lieu de les regrouper à l'intérieur des divisions cuirassées pour n'en faire qu'un seul fer de lance. Ce reproche n’est pas justifié.