Le procédé qui consiste à jouer sur l'ambiguïté entretenue en permanence entre Histoire et fiction par les scénaristes, les réalisateurs et les détachés de presse des télés est malhonnête. C'est du bout des lèvres, et encore quand ils le font, que les responsables des productions sur Jean Moulin avertissent les téléspectateurs que leurs films sont des fictions tirées d'événements historiques. En ces temps de révisionnisme sournois, les procédés narratifs mêlant inventions et astuces dramatiques à des éléments reconnus entretiennent une navrante confusion propice aux dérives opportunistes.
Faire de l'audience à tout prix afin d'augmenter ses parts de marché en "prime time" pousse les responsables de chaîne à maltraiter des sujets sur lesquels des historiens et des biographes travaillent avec soin et prudence depuis des années.
Il y a là un mépris envers la recherche historique : vous me direz que je suis bien naïf et qu'il ne faut pas (plus) attendre du monde de la télé une quelconque marque de respect ou même un peu de dignité, deux concepts inconnus de la majorité des producteurs actuels.
Alors, on peut bien sûr continuer à faire les autruches... Mais on peut aussi exprimer son refus de cautionner la médiocratisation généralisée des fictions historiques produites par les télévisions francophones.

Cordialement,

René Claude