Pour revenir à la Première Guerre Mondiale, il est à noter que Miquel, Tardi ou Pratt sont nés bien longtemps aprés la fin de cette guerre. Leur point de vue et les opinions exprimées sont un anachronisme de la pensée, et trés décalé par rapport à la génération qui a réellement vécu cette guerre.
Il y a eu certes un courant antimilitariste et pacifiste, trés minoritaire, dés 1914. L'intensité des épreuves a augmenté son influence, mais dans l'ensemble, le pays (et les soldats) ont tenu bon. Sinon, nous aurions vécu mai-juin 40 en 1916.
Ce n'est qu'en 1918, à l'heure des bilans, quand l'énormité des pertes est apparue dans toute son ampleur, que le courant pacifiste a connu son apogée. "Maudite soit la guerre", "Plus jamais ça!" Et la France meurtrie s'est lancée dans une politique de désarmement, tandis que les anciens combattants fraternisaient avec les vétérans allemands, se jurant mutuellement qu'ils ne se combattraient jamais plus, que cette guerre avait été la Der des Der.
Mais l'autre côté du Rhin, la tonalité était différente, la Reichswehr se disait trahie par les politiciens, et le désir de revanche était déjà dans les esprits.
Mais si on relit la presse de l'époque, si on revoit les affiches patriotiques, les chansons, les dessins de Hansi et de Poulbot, on se rend bien compte que la tonalité patriotique était bien différente.
Les romans pour la jeunesse s'appelaient "Un Poilu de quinze ans", les petites filles lisaient "Bécassine chez les Alliés".
Il ne faut pas extrapoler les larmoyances de 1940 sur une époque où le sentiment national des Français était d'une autre fibre.
On connaitra mieux la grandeur du sacrifice et la vaillance des Poilus en relisant "Les croix de bois" de Roland Dorgelès, qu'en lisant les oeuvres et écrits des petits enfants, et arrière petits enfants, des Poilus. |