Bonsoir,
En parcourant la table des matières de la dernière édition (2004), je constate que deux chapitres ont été ajoutés par rapport à mon édition de 1990 : "Henri Rochefort" et "Paul Déroulède". En revanche deux textes ont été retranchés : "Les affaires Dreyfus" et "Huysmans et la décadence". Pourquoi ?
Dommage pour le texte sur Dreyfus dont voici le début :
*** Au cours de l'année 1961-1962 (j'étais dans mon premier poste, au lycée de Montpellier), je découvris la persévérance de l'antidreyfusisme dans certaines familles françaises. Ayant consacré, en classe terminale, une leçon à l'affaire Dreyfus, j'eus la surprise d'entendre un élève contester l'innocence du capitaine juif avec une assurance indémontable. Avait-il des arguments ? Non, mais il savait. Il savait de son père, qui le tenait de son grand-père, que Dreyfus était un espion à la solde de l'Allemagne - quoi qu'on ait pu dire et écrire là-dessus depuis 1898. Un article de foi en granit. Un bien inaliénable du patrimoine culturel de la famille: ça ne se discutait pas. Vingt ans plus tard, André Figueras publiait Ce canaille de D...reyfus, où il écrivait: « Toutes les vérités ne sont pas bonnes à taire. Et notamment celle-ci, que Dreyfus ne fut point innocent » Il faut en prendre son parti: pour une petite minorité de Français, la réhabilitation de Dreyfus reste un scandale, le fruit d'un complot, la preuve mémorable d'une décadence, dont la France est affligée depuis l'avènement de la démocratie. [...] ***
Philippe Masson - que l'on ne peut soupçonner de parti-pris excessif - n'écrivait-il pas dans son "Histoire de l'armée française" à propos de la défaite de 1940:
*** La défaite n'a-t-elle pas constitué, pour une armée résolument conservatrice, une occasion unique de prendre sa revanche sur les humiliations de l'affaire Dreyfus, des inventaires ou de l'affaire des Fiches et mettre en place un régime d'autorité ? Weygand n'aurait-il pas mené une double bataille ? Défensive pour sauver l'honneur des drapeaux et offensive, d'une certaine manière, en s'efforçant d'imposer un armistice, ouvrant la porte à une régénération du pays sur des bases autocratiques.*** (p. 286)
Bien cordialement,
Francis. |