Bonsoir Laurent, bonsoir à tous,
Avant d'en arriver à la reddition des armées italiennes en Ethiopie, un très bref historique relatant les atermoiements des Belges au Congo s'impose.
Après la capitulation de la métropole, les coloniaux ne savent plus sur quel pied danser : se cantonner dans l'expectative sous couvert de neutralité ou poursuivre la lutte. Par ailleurs, ils sont écartelés entre la loyauté envers le roi d'une part et l'allégeance au gouvernement en exil qui s'est constitué à Londres d'autre part. Pour ajouter à la confusion, il y a aussi la perfide Albion qui n'a jamais digéré que le Congo leur ait filé des doigts par la faute à Stanley et à Léopold II. Les Britanniques convoitent les énormes ressources minières congolaises pour alimenter l'industrie de guerre. Pour parer à cette menace, notons qu'une collaboration économique s'est rapidement établie entre Belges et Anglais. Les affaires sont les affaires!
Après moultes tractations, le ciel s'éclaircit le 20 novembre 1940 lorsque le Gouverneur Ryckmans prononce son fameux appel radiodiffusé: " (...) Notre rôle dans l'alliance est triple, comme celui de tous les pays en guerre: militaire, économique et financier. Combattre, travailler et payer. Combattre, c'est-à-dire TENIR AVEC NOS TROUPES LE FRONT MONDIAL qui nous sera assigné (...). Les Belges - comme chacun sait ou devrait savoir - ne manquent pas d'ambition. Bien sûr, on est loin des envolées lyriques d'un de Gaulle. Les Belges sont pragmatiques et peu sensibles à la grandiloquence. Par contre "Combattre, travailler et payer" c'est clair, c'est net.
La mobilisation des Belges et des indigènes de la Force Publique s'accélère; du matériel est commandé aux Etats-Unis.... Toutefois, il y a un hic! Les Belges n'ont pas d'ennemis à combattre. Il y a bien les Italiens en Ethiopie mais faut-il encore une déclaration de guerre en bonne et due forme. Manque de bol, l'Italie, entrée dans le conflit le 10 juin 1940, a oublié d'inclure la Belgique dans sa déclaration de guerre. Que faire? Le salut vient du gouvernement belge à Londres qui déclare: "L'Italie agissant exactement comme si elle considère en état de guerre avec notre pays, le gouvernement belge ne peut qu'adopter une attitude de réciprocité qui l'oblige à tenir compte du fait de l'agression italienne et à agir en conséquence". C'est pas du "de Gaulle" mais tout de même! Pour que les Français présents au Congo et qui n'ont rien compris, le gouverneur Ryckmans précise que l'aviation italienne, participant au Blitz de Londres, est stationnée sur les aérodromes belges. C'est comme si les avions italiens stationnaient au Congo pour menacer de plus près l'Ouganda. Il s'agit donc bien d'un casus belli. Voila qui met fin aux tergiversations. L'ennemi et l'allié sont enfin correctement identifiés.
Voila pour les prémices. Au prochain épisode, nous allons sauter directement en Ethiopie pour relater l'exploit des Belges, l'objet de votre question.
Bien cordialement,
Francis dans toute sa belgitude. |