... cette opposition a quelque chose de poussif, d'artificiel, comme si les historiens "académiques" (à défaut d'autres appellations adéquates ) craignaient les manques et les faiblesses de leur histoire "objective" et de la démarche "scientifique". Vous me direz que ça fait pas mal de guillemets et je vous répondrai que j'ai toujours de la peine à accoler ces deux adjectifs à ce qui est encore une science HUMAINE... Si on accepte d'intégrer le paramètre subjectif dans une étude historique, le témoignage peut apporter l'épaisseur humaine à un événement. C'est une complémentarité que je recherche :une approche rigoureuse par la quête, le dépouillement et la synthèse d'archives ET l'écoute attentive des survivants. J'irai plus loin : la façon qu'ont les témoins/acteurs de formuler leurs souvenirs offre des pistes à suivre. Comment se constitue une mémoire individuelle et quel est le résultat obtenu par un "moi, je" confronté au souvenir de sa propre expérience ET à la relation "objective" des faits par un travail "académique" ? L'histoire des mentalités utilise ce matériau, entre autre sources. Il me semble que les anglo-saxons sont familiarisés depuis plus longtemps avec des pratiques comme la collecte orale, l'analyse des contes et légendes et tout ce qui peut aider à saisir une époque.
Je reste persuadé de la complémentarité possible entre les sources orales et archives écrites.
Amicalement et joyeux Noël !
René Claude |