Il y a 50 ans (à quelques heures près) était tué en Algérie le premier officier : le lieutenant Roland Darneau âgé de 37 ans. Ainsi s’achevait une brillante carrière d’un officier sorti du rang au mérite. Engagé en 1934 à 17 ans au 13ème dragon de Melun, il participa comme chef de char à la bataille de Gembloux en mai 1940, puis c’est Dunkerque. Rapatrié en métropole, en 1941 il rejoint le 2ème régiment de chasseur d’Afrique à Mascara. Campagne de Tunisie, débarquement en Provence le 15 août 1944. Un hiver rigoureux en Alsace puis l’Allemagne. En janvier 1950 il est en Indochine au 5ème régiment de spahis marocains. À son retour il est promu sous-lieutenant en avril 1954. Affecté en Algérie il prend le commandement du détachement de spahis algériens de Kenchela. Il racontait dans ses lettres qu’il avait enfin trouvé la paix depuis 10 ans *.
Dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1954, dans ce pays en paix il entend des coups de feu venant de la caserne à 300 m. de son habitation. Très étonné, Il se rend sur place. La grille de la caserne est fermée. À l’étage du poste de garde, de la lumière. Un sous-officier lui crie : “ Attention, mon lieutenant, nous sommes attaqués”. Il se retourne. Un homme caché derrière un arbre de l’avenue lui tire un coup de fusil à quelques mètres.
L’auteur de ces lignes* a eu l’occasion de recevoir des précisions de l’officier de renseignement de la 13ème demi-brigade de légion étrangère dont un bataillon stationnera plus tard à kenchela. Le commandant de la petite bande de quelques individus qui attaqua cette caserne était un nommé Laghour Abbès qui avait été serviteur de l’administrateur civil et qui connaissait donc le Lieutenant Darneau. Il fut éliminé quelques temps après, à la suite de rivalités au sein du FLN.
*Je suis son neveu. Le nom du lieutenant Darneau a été mentionné une ou deux fois par des historiens en écorchant son orthographe ou en modifiant le prénom. |