Bonsoir,
En guise de bienvenue sur "Livres de guerre", la dédicace de Jean-Pierre Le Marc, confiée à France-Inter, en avril 1998, lors de la parution de son livre "Le Feu des Collines".
"Tonkin, Annam, Cochinchine... Ces noms, aujourd'hui oubliés, ont pour moi le pouvoir de faire revivre l'Indochine. Nostalgie ? Même pas. Je n'étais pas né en 1945, et je n'avais pas encore 6 ans quand le camp de Diên Biên Phu est tombé, le 7 mai 1954. Alors, pourquoi ce récit ? A vrai dire, je ne le sais pas. Quand j'en ai écrit le premier mot je n'avais pas encore songé au suivant. Savais-je même ce que j'allais dire ? Non, je ne le crois pas, mais cette histoire me poursuit depuis si longtemps. J'ai voulu rencontrer des témoins de cette époque, un moyen comme un autre de me faire raconter des aventures imaginées depuis mon enfance. J'avais tant rêvé de rizières, de fleuves tourmentés, de sauts en parachute, de jungles impénétrables, que j'imaginais, par ce moyen détourné, plonger au coeur de l'histoire, la vivre par témoins interposés. Le résultat a été au-delà de mes espérances. Il n'a fallu que quelques mots pour déclencher la réaction, des mots simples mais pour moi tant chargés de symboles : Lao-Kay, Cao Bang, piste Pavie, RC4, Na San, Bréchignac, Granwin, Bigeard, Langlais, Diên Biên Phu... Et puis j'ai rencontré le lieutenant-colonel Pagès qui, en septembre 1950, à peine sorti de Saint-Cyr, à la frontière de Chine a pris sous sa protection un jeune Thaï appelé Nghi, âgé d'une dizaine d'années. Un garçon banal, juste un orphelin, un enfant de la guerre. Banal ? Oui, vraiment. D'ailleurs, qui s'en souvient encore dans l'Histoire de France ? Où est Nghi aujourd'hui ? Je ne le sais pas. Est-il le Thaï vieilli que j'imagine ? Est-il encore un enfant ? A-t-il enfin retrouvé sa mère au-delà des frontières de flammes et de napalm que l'homme a su si bien répandre sur la terre d'Indochine. Demain, si je pars pour le Tonkin, je me rendrai à Lao-Kay, dans cette patte d'oie que forme le Fleuve Rouge aux frontières de la Chine. Je demanderai des nouvelles de Nghi."
Aussi, pour nouer plus ample connaissance, une chronique sur le site de l' "Association des journalistes bretons et des pays celtiques":
Bien cordialement,
Francis. |