Bonjour,
Quelques chiffres, glanés par ci par là, que les économistes "distingués" pourront interpréter!
Dette publique.
Le déficit des finances publiques, déjà lourd en 1939, a été multipliée par quatre. De 445 milliards en 1939, la dette passe à 1.680 milliards en fin 1944.
Notons que contrairement à l'or belge (voir plus bas) les réserves de la Banque de France a été mis à l'abri des appétits allemands et permettent à Vichy de recourir aux crédits extérieurs.
Circulation monétaire.
Comme l'indique Jacques, la planche à billets n'a pas chômé. En 1939, le montant des billets en circulation s'élevait à 181.807 millions. En 1944, il atteint les 568 milliards de francs.
Par ailleurs, l'inflation moyenne fut de 32,40% par an alors que les prix officiels n'augmentaient que de 120%.
Salaire.
Salaire horaire moyen de la métallurgie en région parisienne (indice de référence: 100 en 1938)
1940 : 105
1941 : 115
1842 : 118
1943 : 133
1944 : 168
Avouons que la politique salariale fut des plus rigoureuses par rapport à l'inflation et à la hausse des prix officiels. Pratiquement le salaire réel ouvrier - c'est-à-dire le pouvoir d'achat - a baissé de moitié. Et nous ne tenons pas compte des prix du marché noir jusqu'à 20 fois supérieur aux prix officiels.
Balance commerciale.
Si l'on peut se fier aux chiffres donnés par l'Annuaire Statistique de la France (précurseur de l'INSEE), la balance commerciale est relativement équilibrée. Déficitaire jusqu'en 1941, elle devient excédentaire dès 1942.
Quelques chiffres pour comparaison (année - importations - exportations, en millions de francs)
1938 : 46.065 - 30.590
1939 : 13.895 - 31.500
1940 : 45.770 - 17.511
1941 : 24.936 - 15.777
1942 : 25.952 - 29.664
1943 : 13.960 - 35.407
1944 : 9.679 - 25.557
Bourse.
Amusant ou affligeant - c'est selon - les cours des valeurs mobilières à revenus variables (c'est-à-dire essentiellement les actions) ont connu une croissance quasi-exponentielle.
Pour un indice de référence 100 en 1938:
1940 : 154
1941 : 432
1942 : 705
1943 : 676
1944 : 705
1945 : 798
L'aryanisation des biens juifs.
Les manuels d'histoire sont discrets sur le sujet. Pour ne citer qu'un exemple, la confiscation des participations et titres de sociétés, détenus par les Juifs, a vraisemblablement représenté une manne considérable pour le Trésor français.
L'or des Belges.
En mai 1940, la Banque Nationale de Belgique confia à sa consoeur la Banque de France un tiers de son encaisse-or soit environ 200 tonnes de métal précieux. Il avait été convenu que l'or belge serait acheminé vers l'Angleterre ou vers les Etats-Unis. En réalité, en dépit des assurances et pour cause d'armistice, c'est à Dakar et puis à Kayes que l'or belge fut transféré. Il n'y resta pas très longtemps. Vichy, sans le moindre scrupule, confia l'or aux bons soins de la Reichsbank. Cette dernière s'empressa de refondre les lingots avant de les négocier sur les places bancaires suisses.
Bien entendu, l'or belge ne fut remis pas aux Allemands pour couvrir les frais d'occupation mais comme gage de la bonne volonté française à coopérer pleinement et, dans le cadre des négociations avant et pendant Montoire, comme monnaie d'échange - c'est le cas de le dire - pour obtenir un allégement des frais d'occupation (ce que Vichy obtint partiellement) et le rapatriement de prisonniers de guerre.
Bien cordialement,
Francis. |