Pour qui descend en bateau le Mékong, 20 kms avant Louang Prabang, le visiteur remarque sur sa gauche, à l'est une rivière qui se jette dans le Mékong la "Nam Ou" qui elle-même a reçu la "Nam youn" qui passe à Dien Bien Phu. Non, les Viets n'avaient pas besoin d'emprunter cette petite vallée encaissée pour envahir le nord Laos et fondre sur Loang-Prabang. Encore une vision abstraite d'officier d'état-major derrière une carte murale dans un grand bureau à 1500 km à Saïgon. Dien Bien Phu ne barrait la route du Laos que dans la tête du général Navarre. Regardez la carte: Il y a plusieurs axes pour fondre sur le louang Prabang. Au nord par Muang khoa en contournant DBP par le nord depuis Lai Chau (Lai chau que nous avons abandonné en Décembre 53), au sud depuis Hoa Binh par Sam Nua (Hoa Binh redevenu un fief Viet, abandonné à la mort de De Lattre en janvier 52). Non les Viets n'avaient pas besoin de DBP pour aller au nord-Laos! Ce n'est d'ailleurs pas quelques dizaines de collines en s'écartant d'une pénétrante principale qui pouvaient les arrêter. Nos officiers n'arrivaient pas à se mettre dans le tête que l'armée viet n'était pas motorisée ou presque en 53. C'est tellement vrai que les Viets y étaient allés à la mi-53, au Laos et qu'ils avaient fait tomber...Mouang Koa et Sam Neua tout simplement et tout logiquement. Ils s'étaient arrêtés en chemin vraisemblablement par défaillance de support logistique (manque de ravitaillement sur place,trop loin de leurs bases).
Bien entendu, à l'intérieur du corps des officiers généraux, nous nous serrons les coudes et n'a-t-on pas entendu un éminent ancien chef d'état-major dans une réunion savante il y a quelques années, déclarer que Navarre avait choisi la moins mauvaise solution pour accomplir la mission qui lui avait été confiée par le gouvernement : "défendre le Laos". Mais les ministres Marc Jacquet du gouvernement précédent et Laniel du gouvernement en cours auraient dit "défendre le Laos à condition de ne pas mettre en danger le corps expéditionnaire ". Qu'à cela ne tienne, Navarre dans son livre où il prononce le mot "Laos" presque à chaque page dit qu'après DBP le corps expéditionnaire avait conservé presque tout son potentiel. Autre leurre. Il n'y avait plus "l'allant" nécessaire à une troupe pour vaincre : la preuve, dans les semaines qui ont suivi DBP, l'extermination du GM 100 avec sa centaine de véhicule en Annam entre Ang Khé et Plei khu. Mensonges, duperies, leurres... |