En regardant il y a quelques jours un reportage consacré au quotidien autrichien très réactionnaire et très lu "Die Kronen Zeitung" - dans son sens premier : qui réagit à tout changement politique, social et culturel - et bien, je pensais que la "middle class" de ce pays qui soutint le populiste Haider n'avait pas retenu grand'chose de son passé récent quand le pays était annexé et intégré au 3e Reich...
L'Allemagne, l'Autriche et dans une moindre mesure la Suisse allemande sont trois pays dont les citoyens avaient (ont ?) intériorisé les notions d'ordre, de travail-valeur absolue et de discipline au point de ne plus être capables de les discuter sans risquer de voir leur représentation de la société "idéale" s'écrouler. Aucun écart, aucune rupture, aucun débordement n'était accepté : l'enseignement scolaire inculqua ces principes à des générations de jeunes allemands, autrichiens et suisses allémaniques qui apprirent à mépriser et à refouler l'échange équitable, le respect de l'altérité, les thèses humanistes, bref tout ce qui pouvait être perçu par leur profs et leurs parents comme des signes de faiblesse, voire de "sensualité" dégénérée.
Je suis persuadé qu'un peuple, un pays, une tribu, un groupe social, etc, qui n'a pas d'espaces et de moments prévus ou volés pour le renversement des valeurs (Carnaval, le jour des fous, la feria, ...), un exhutoire pour le trop-plein d'agressivité et de refoulé, risque d'être séduit par un homme politique démagogue et populiste qui saura utiliser cette absence de relâchement socio-culturel.
Hitler s'appuya beaucoup sur la petite-bourgeoisie et les artisans frileux face à la modernité, terrorisés par le communisme et ulcérés par la défaite de 1918 et le Traité de Versailles. Ces classes vivaient dans le respect de l'autorité familiale, locale, régionale et nationale; il leur promit l'ordre et la quiétude retrouvée... Ils applaudirent.
Ce qui m'inquiète en lisant certains éditoriaux de la grande presse populiste germanophone, c'est d'y retrouver des échos xénophobes, voire racistes et des appels à des mesures autoritaires dont l'habillage néo-libéral opportuniste ne suffit pas à masquer le fond réactionnaire crispé tout prêt à suivre un parti qui osera ordonner et...hurler.
Codialement,
René Claude |